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« Contact lotois », le magazine du Département, fête son 100e numéro. Pour cet anniversaire, un dossier exceptionnel a été publié. Il est consacré à vous, les Lotois, au travers de 100 portraits d’habitants qui vivent, travaillent, font bouger le Lot. Nés ici ou ailleurs, de tous les âges, de tous les horizons, ils dessinent le visage du Lot d’aujourd’hui. Ils sont 100, ils auraient pu être beaucoup plus. Ils ne sont pas forcément connus mais ils gagnent sans aucun doute à l’être. Ce numéro spécial intitulé « Nous, le Lot » est en ligne ici avec des bonus vidéo.
Ewinda Carlin - Etudiante, Cabrerets
Graphisme
Parfois le hasard fait bien les choses. « J’ai démarré par une seconde générale mais ça s’est assez mal passé. J’aime dessiner et avec ma famille on a vu une filière en communication visuelle qui pouvait me convenir. C’est vraiment quand j’ai commencé les cours que j’ai découvert le graphisme ! C’est un signe du destin, et finalement c’est une bonne surprise, un coup de chance même ! C’est un métier qui permet d’exprimer sa créativité. Bien sûr, il faut s’accrocher, on ne peut pas faire ce métier si on n’est pas passionné ». À 19 ans, Ewinda a déjà effectué quatre stages dont un à la Grotte du Pech Merle. Elle s’engage aussi dans plusieurs projets : « J’ai effectué une affiche pour un club de modélisme, des photos pour la piscine de Villefranche… Je suis toujours partante cela me donne de l’expérience et je crois qu’il faut être ouvert et impliqué, les projets attirent les projets ».
Revenir
Ambitieuse, Ewinda vise la mention pour son baccalauréat et souhaite poursuivre son cursus par un BTS design graphique en alternance à Montpellier : « À Cahors, il n’y a pas cette possibilité. Mais j’ai déjà pensé à revenir. Je ne sais pas encore pourquoi : vacances ? travail ? mais je reviendrai, c’est sûr. Le Lot est attachant et chaleureux, les paysages sont magnifiques et personne ne peut le nier. Depuis quatre ans, j’effectue le trajet jusqu’à Cahors pour me rendre au lycée et je suis toujours autant émerveillée, je ne m’en lasse pas ! Il y a beaucoup de nature même en ville, je trouve ça génial ».
Julien Navarro - Armurier, Saint Géry
Major
« Mon père (meilleur ouvrier de France en taxidermie) et mon grand-père étaient à la fois chasseurs et amateurs d’armes de collection. Ils m’ont transmis leur passion et j’ai très tôt décidé d’en faire mon métier. Originaire de la Champagne, j’ai intégré l’école d’armurerie de Liège en Belgique, avant d’entrer à l’école de Saint-Étienne où j’ai obtenu mon CAP d’armurier en 2002, suivi du brevet des métiers d’art pour compléter ma qualification. Sorti major de ma promotion, j’ai choisi de rejoindre Chapuis Armes (Loire), premier fabricant de carabine sur mesure double express basculante. J’y suis resté deux ans avant de rejoindre Manucentre à Aurillac en tant que responsable d’atelier.
Passion
En 2007, j’ai décidé de me mettre à mon compte. Je me suis installé dans le Lot où résidaient déjà mes parents. J’ai installé “L’Atelier d’arme” à Saint-Géry. Je propose mes services de restauration, de réparation et de modification d’armes de chasse et de tir. Je vends également des armes de collection (napoléonienne, du Ier Empire…) et fabrique des crosses sur mesure, quitte à usiner les pièces dans des blocs d’acier. Je suis parvenu à allier ma passion avec mon métier, c’est une chance d’autant que j’ai ici dans le Lot tout loisir de profiter de la nature à l’état sauvage et de m’adonner à deux autres de mes passions : la chasse de petits gibiers accompagnée de chiens d’arrêt et la photo animalière ».
Alain Plenacoste - Association sauvegarde du Célé, St-Sulpice
Voyages
Heureux qui comme Ulysse a fait de beaux voyages…Puis s’en est revenu, dans son petit village ! Tel est l’itinéraire d’Alain Plenacoste. Natif de Sauliac-sur-Célé, il s’installe dans les Hautes-Pyrénées, travaille dans le secteur du tourisme, fait le tour du monde et, à l’heure de la retraite, revient au pays. Il emménage dans la maison de ses aïeuls, à Saint-Sulpice, il y a quatre ans, après l’avoir rénovée. Entre-temps, comme il en sourit lui-même, « l’enfant des Causses a découvert l’Écosse » (d’où est originaire son épouse). Mais s’il aime encore parfois lever l’ancre, l’essentiel du temps, sur les rives du Célé, Alain s’investit dans le tissu associatif et citoyen. « D’abord au sein de l’association des loisirs puis, en 2014, comme conseiller municipal".
Le Célé, de près ou de loin
"Enfin, un ami m’a proposé d’intégrer l’association de sauvegarde du Célé. Elle existe depuis 25 ans et compte près de 500 adhérents avec des référents dans chacune des localités situées sur le cours de la rivière. Cela m’a intéressé. J’avais envie de comprendre et d’aider… » Alain explique : « À l’origine, il y avait surtout des propriétaires riverains. Puis le cercle s’est élargi et les problématiques abordées également. On s’intéresse à tout ce qui concerne de près ou de loin la rivière, de sa source à sa confluence. Nous sommes ouverts, nous cherchons des terrains d’entente. Ce fut le cas ainsi pour concilier pêcheurs et canoéistes… Nous sommes à la fois lanceurs d’alerte et médiateurs. Sans nous substituer à d’autres instances, tel le syndicat mixte du bassin. » Deux dossiers majeurs mobilisent actuellement l’association : la continuité écologique (fluidifier le cours, mieux prendre en compte les effets des moulins notamment), et la qualité de l’eau elle-même. « Parfaire la circulation et le débit, c’est bien, mais il faut préserver aussi la bonne qualité de l’eau, notamment au niveau des baignades. Les agriculteurs ont fait beaucoup d’efforts. Mais on constate que les pluies lessivent toujours les sols. Cela peut venir aussi de l’efficience des stations d’épuration. En règle générale, en deçà d’un débit de 5 m³3/seconde, l’eau s’auto-épure. Le soleil détruit les bactéries. Pour autant, en 2016, on a constaté quand même des soucis et l’agence régionale de santé a dû déconseiller certains points de baignade. C’est complexe, une rivière. Comme le corps humain, elle a des capacités de résistance. Mais parfois, on atteint des points de rupture… » Des stands d’info ont permis en outre de sensibiliser population locale et touristes, alors qu’un atelier de documentation sur le Célé (sa faune, sa flore, son habitat…) et un atelier scientifique composé d’experts ont été créés. Président de l’association depuis octobre, Alain Plenacoste est décidément un retraité très actif. Comme pour entretenir le lien charnel qui l’unit à cette terre et ce cours d’eau. « Sans compter les randos et le jardin » ajoute-t-il. Actif, on vous dit !
Serge Goujon - Retraité et coiffeur pour homme, Salviac
Envie de soleil
« Le Lot répondait pour moi et ma femme Francine à une envie de soleil, à la douceur de vivre telle qu’on l’imagine dans le Sud-Ouest. Ici, il existe une réelle convivialité entre voisins, d’autant que tout le monde se connaît. Après mon CAP de coiffeur, j’ai travaillé dans six ou sept salons : dans le Nord, le Doubs, la Haute-Saône, à la frontière suisse…, avant d’ouvrir mon premier salon mixte en 1987 dans l’Aisne. Le métier m’inspire depuis toujours, même si aujourd’hui je ne coiffe que les hommes. Nous nous sommes installés à Salviac en novembre 1998 et j’ai démarré l’activité de mon nouveau salon deux mois plus tard. Mon prédécesseur m’a laissé le mobilier des années 50 d’origine qui confère un petit côté rétro à mon commerce. Avec quelque 1 300 habitants, Salviac est une commune sympathique et j’ai développé une clientèle fidèle (aujourd’hui, Serge est en cumul emploi-retraite) ».
Nicolas Frédéric Froment - Directeur de MetalFormage, Puy l'Evêque
Combat
Les portes du Corail du Paris-Toulouse, des supports et coffres de véhicules blindés, des éléments du paquebot Harmony of the Seas… Autant de pièces réalisées par MetalFormage à Puy-l’Evêque !
« On se bat pour rester ici. Quand je reçois des clients, ils sont toujours surpris de constater que l’entreprise est au milieu des vignes, au pied d’une commune pittoresque…
C’est un choix, un cadre de vie. Mais oui, c’est un combat ! »
À la tête de MetalFormage, Nicolas Frédéric Froment, 43 ans. Un enfant du cru qui a grandi à Floressas avant de passer un BTS à Cahors. « J’ai essayé de poursuivre en fac, mais mon attachement au Lot était plus fort que tout. Je n’imaginais pas faire ma vie ailleurs. Alors je suis entré comme simple opérateur en 96… » La PME métallurgique ne compte alors qu’une dizaine de salariés et travaille essentiellement pour le ferroviaire.
Puis tout s’accélère. « Le patron a constaté que je maîtrisais la GPAO (gestion de production assistée par ordinateur). Je suis passé contrôleur. Et en 2000, j’étais promu chef de production » Nouvelle étape, trois ans plus tard. Nicolas Frédéric Froment reprend « la boîte » avec d’autres salariés. Tout va vite. Peut- être trop. La conjoncture ne fait aucun cadeau. Un dépôt de bilan et Fem Aéro (Figeac) reprend l’unité. « Je suis nommé directeur gérant. Et on repart avec dix personnes. Une douzaine d’années plus tard, on est proche de la cinquantaine. »
Equilibre
MetalFormage a investi dans un parc machines de premier ordre (découpe laser, pliage avec caméra qui surveille les opérations et a réduit par quatre le temps de production). Et s’est diversifiée. « Le ferroviaire et la Défense représentaient l’essentiel du chiffre d’affaires. Cette proportion n’est plus que de 60 % aujourd’hui. Il y a eu bien sûr le marché du paquebot, mais nous travaillons aussi pour MAEC (armoires électriques) ou pour des constructeurs de véhicules industriels. On offre une sous-traitance globale, y compris le traitement de surface (grenaillage, peinture). C’est notre force », note le dirigeant qui doit toutefois être en veille permanente. « C’est une de mes priorités. Être à l’affût pour se positionner… » Quand est annoncée la mise en chantier du frère jumeau de l’Harmony of the Seas, Nicolas Frédéric Froment doit affronter un concurrent mexicain. « J’ai argué de notre proximité et de notre réactivité. Ce fut rude… » À défaut de s’aligner sur les prix, MetalFormage pouvait se prévaloir de son excellence lorsqu’il fallut produire les 2 000 consoles pour les balcons du premier exemplaire du géant des mers : « Ce fut un travail hautement sensible. En termes de sécurité (pour les passagers) comme au niveau visuel (il ne fallait distinguer aucun point de soudure), on devait être irréprochable. Ces consoles, ce sont les premières pièces montées sur le bateau ! »
Ayant quitté le giron de Fem Aéro, la PME entend bien tenir le cap. Et rester ancrée sur les rives du Lot. « Même si cela étonne certains donneurs d’ordres. Et que cela nous oblige à nous adapter en termes de recrutement… » reconnaît Nicolas Frédéric Froment. « Quand on veut embaucher un salarié qualifié, il y a toujours un risque qu’il reparte en courant. Alors on a privilégié la formation de jeunes d’ici qui peuvent bénéficier d’un bon équilibre travail-famille. Mais sur certains postes, il y a un autre danger : les soudeurs ou peintres, par exemple, on se bat pour les conserver car chez Airbus à Toulouse, ils peuvent très bien faire carrière… » Il fallait bien un gars du pays pour tenter et réussir cette aventure singulière.
Gérard Martin - Editeur, Fourmagnac
Poésie
Pendant une trentaine d’années, conservateur de la bibliothèque de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, il veilla notamment sur le précieux fonds Rimbaud et quelques-uns des manuscrits de l’enfant terrible de la poésie française. En 2013, il s’installe définitivement à Fourmagnac où il avait acquis une maison de vacances : Gérard Martin n’a pas tardé à s’y fondre dans le paysage. Y compris institutionnel, élu l’année suivante deuxième adjoint du village… « J’y avais déjà des connaissances et des amis, participant chaque été à la fête patronale… » explique cet amoureux de la poésie devenu aussi un inconditionnel du Lot.
« Je me souviens enfant de quelques expéditions jusqu’à Padirac ou Rocamadour depuis la Corrèze où je séjournais durant les vacances, ma mère y ayant ses racines. Il a fallu attendre 1977 pour que je revienne ici : alors bibliothécaire à Tours, je préparais une exposition autour du fonds consacré à Yves Bonnefoy, le grand poète décédé l’été dernier. Dans son livre L’Arrière-pays, il évoque avec chaleur la maison de ses grands-parents à Saint-Pierre-Toirac. J’ai donc accompli une sorte de pèlerinage. Je voulais voir ces lieux si joliment décrits… ».
Coup de foudre
Il lui faut ensuite patienter jusqu’en 2000 pour que Gérard Martin retrouve le Quercy. « J’ai passé quelques jours de vacances avec mon épouse, et ce fut de nouveau un coup de foudre pour cette région. L’année suivante nous achetions une maison pour nos congés d’été, nous promettant de nous établir ici pour la retraite. De fait, en 2013, ce fut définitif… ».
Mais de « Charlestown » (comme disait ce voyou d’Arthur) à Fourmagnac, si le cadre de vie a changé, la passion de la poésie et du livre n’a pas quitté Gérard Martin. Dans son repaire lotois, il a relancé une maison d’édition qu’il avait créée dès 1985, « L’Étoile des limites », mais qu’accaparé par son métier « premier », il avait dû mettre entre parenthèses plusieurs années. Au catalogue, des textes de poètes contemporains réputés (André Velter, Christian Hubin, Guy Goffette, entre autres). De petits tirages, « car c’est un genre qui, commercialement, est évidemment moins porteur que le roman… », mais un parti pris de qualité tant sur la forme que sur le fond qui a permis à « L’Étoile des limites » d'être vite reconnue.
Emilie Mazet - Directr. base plein air, St-Denis-lès-Martel
Au bord de l'eau...
Originaire de Vayrac, Émilie est toujours restée au bord de l’eau : « je suis vraiment attachée à la vallée de la Dordogne, j’ai eu de la chance de pouvoir rester ici, je ne changerai ça pour rien au monde. Ici nous avons une qualité de vie inégalable. » Un attachement à son environnement qui s’accorde parfaitement à sa vie professionnelle : « À Mézels qui dépend de la ligue de l’enseignement du Lot, nous sommes bien entourés : le gouffre de Padirac, Carennac, Rocamadour, la vallée… cela permet aux groupes de découvrir les paysages, les milieux et le patrimoine lotois ».
... Et en souterrain
Et Émilie connaît aussi le sous-sol du Lot pour avoir pratiqué la spéléologie : « Le Lot sousterrain est magnifique, il est beau, varié, riche et il reste encore plein de choses à découvrir ! ». Après avoir été longtemps secrétaire du comité départemental, elle en est aujourd’hui l’une des vice-présidentes.
L’engagement d’Émilie se prolonge avec son activité d’adjointe à la mairie de Saint-Denis-lès-Martel : « C’est l’envie de faire bouger les choses qui m’a conduite là. Toutes mes activités se trouvent liées à un moment ou à un autre. C’est comme une suite logique finalement. Cela me plaît et représente un enrichissement personnel important ».
La jeune maman de 36 ans ne connaît pas la monotonie. Ce qu’elle souhaite pour l’avenir ? « Continuer à mon petit niveau à faire avancer les choses pour mon territoire ».
Estelle Phélisse - Médecin de PMI, Souillac
Enfance
Toute petite, déjà elle rêvait d’être médecin : « Il paraît qu’à 5 ans, déjà, je disais que je voulais être docteur pour les enfants ». Oui, l’histoire d’Estelle Phélisse pourrait être un beau conte de fées. Estelle aime la vie, aime sa vie. Née en Auvergne, un père militaire, un passage de quatre ans à Gramat, des études à Limoges. Parcours classique d’une jeune fille brillante qui n’aura jamais rien lâché pour atteindre son but. Le tropisme et un peu de hasard l’attirent vers le Lot où elle effectue des remplacements en médecine générale. Entre sud Corrèze et nord du Lot, Estelle Phélisse s’enracine, construit sa vie et devient le médecin de la Protection maternelle et infantile (PMI) du nord du Lot, au sein des services du Département.
Protection maternelle et infantile
Elle consulte les nourrissons, fait de la prévention dans les écoles. « J’adore mon métier, le travail en équipe avec les puéricultrices, les assistantes so- ciales. Certes, parfois, nous sommes confrontés à des situations complexes. Il faut apprendre à ne pas juger, à être bienveillant, à contribuer au développement des enfants. Cela fait sept ans que je travaille au Département et ce travail me comble, j’ai toujours la même envie. J’aime vivre ici. Je ne me verrais pas ailleurs qu’à la campagne. Il y a de la convivialité, de l’entraide, des valeurs : tout ce qu’il faut pour élever mes deux jeunes enfants. J’arrive à me libérer un peu de temps aussi pour pratiquer le ski, faire de la moto ou m’investir sur le festival Ecaussystème ». Estelle a trouvé le juste équilibre entre vie de famille, vie professionnelle et épanouissement personnel.
Céline-Marie et Romuald Dayes - Designer, Gignac
Design
« J’ai rencontré mon mari Romuald au sein d’une importante agence de design parisien. Mes grands-parents maternels vivaient à Creysse dans le Lot. C’est tout naturellement qu’au terme d’une dizaine d’années d’expérience professionnelle, nous avons choisi de déménager, en quête d’une meilleure qualité de vie et d’un potentiel d’ensoleillement plus important. Nous nous sommes installés ici et nous avons créé notre agence de design que nous avons baptisée “16 & 12”, nos chiffres de prédilection. Depuis, nous mettons à profit l’addition créative de nos compétences et savoir-faire respectifs : design de produits, packagings, étuis de parfums, décors, présentoirs… pour le compte des sociétés lotoises Pivaudran à Souillac, la Solev à Martel, Bonne Maman (groupe Andros) à Biars-sur-Cère, mais aussi de grandes marques nationales du luxe telles que Jean-Paul Gautier, Kenzo…
Contraste
L’autre branche de notre activité consiste au développement de design mobilier, l’aménagement intérieur à destination de professionnels… Nous gérons en moyenne une dizaine de projets de front, ce qui implique de nombreux déplacements un peu partout en France. Grâce au haut débit arrivé 6 mois avant notre installation, nous avons aussi lancé un site Internet marchand pour la vente de plusieurs produits réalisés en auto-édition. Nous aimons le contraste entre notre vie professionnelle effrénée et notre vie dans le Lot, à la fois saine, agréable et ressourçante ».
Monique Gaillard - ex-gérante d'hôtel, Latouille-Lentillac
Institution
C’était une institution. Un monument. L’hôtel-restaurant « Chez Gaillard », à Latouille-Lentillac, c’était une cuisine de terroir préparée dans les règles de l’art. Des guides ayant quelque retard dans leur mise jour vantent encore « le foie gras mi-cuit, les truites, les confits ou encore les omelettes aux cèpes » dégustés par une clientèle fidèle qui n’hésitait pas, hors saison, à parcourir des dizaines de kilomètres pour goûter le charme d’un établissement « blotti dans une vallée » verdoyante… Un repère et un repaire en Ségala lotois. Depuis des décennies. « La maison a été fondée par l’oncle et la tante du grand-père de mon mari… Nous représentions la quatrième génération » raconte Monique Gaillard.
Elle se souvient encore de la date à laquelle, avec son époux Jean-Raymond, le passage de témoin avait eu lieu. « C’était le 1er décembre 1993. Mes beaux-parents avaient été aux commandes durant trente ans. » Si son mari était déjà cuisinier, Monique avait jusque-là travaillé dans une maison de la presse et comme secrétaire. Une fois aux commandes, ils entreprennent un vaste chantier de mise aux normes, d’embellissement, de rénovation des chambres (il y en a huit). Une épicerie est aménagée, et l’adaptabilité aux personnes handicapées est initiée.4
4 générations
« C’était formidable. J’avais déjà le sens du commerce et de l’accueil, et nous avions des relations fidèles, cordiale avec la clientèle » raconte encore Monique. Et puis tout bascule. Funeste coïncidence, le 9 avril 2010 puis le 9 avril 2011, à tour de rôle, les époux sont frappés par de terribles accidents de santé. Le constat est sans appel. « Le 1er juin 2011, nous avons mis en vente… Nous ne pouvions plus faire autrement, trop diminués. Rendez vous compte : le restaurant était ouvert depuis 130 ans ! Ce fut un drame personnel pour nous. Et d’une certaine façon, c’est triste à dire, le jour où l’on a fermé, ce fut aussi une petite mort pour la commune. » Tant « Chez Gaillard » était l’une des vitrines du village de quelque 230 habitants…
Cela fait donc cinq ans que Monique et Jean-Raymond attendent des repreneurs. « Il y a eu des contacts, parfois bien avancés. Mais quand ce n’était pas la banque de l’acheteur potentiel qui mettait son veto, c’était le candidat qui renonçait… » Ils ne désespèrent pas, cependant. « Il y a un potentiel. Et si ce n’est pas sous la forme d’un hôtel-restaurant classique, il y a d’autres pistes envisageables. Chambres et table d’hôtes, cours de cuisine… Il y a même une conserverie pour diversifier l’activité. Et pourquoi pas un couple avec une profession libérale en lieu et place de la grande salle à manger et une activité annexe d’accueil ? Oui, vraiment, je reste optimiste malgré tout. C’est notre vœu le plus cher : que cet établissement puisse trouver une nouvelle vie après la dynastie Gaillard… ». Tout le village l’espère aussi.
Laurence Falgoux - Assistante maternelle, Issepts
Enfants
« Originaire de Cardaillac, mon parcours scolaire m’a conduite à Figeac puis à Cahors. C’était il y a plus de vingt ans. J’étais jeune, mais j’avais déjà envie de travailler auprès d’enfants. J’ai intégré une crèche parentale où j’ai obtenu mon diplôme d’assistante maternelle. Pour des raisons personnelles, a suivi une période de coupure, et j’ai repris cette activité, chez moi, en 2011. J’ai un agrément pour accueillir quatre enfants, majoritairement âgés de 0 à 3 ans, pendant que leurs parents travaillent.
Au fil des années, j’ai constaté que ce métier nécessitait calme, patience…
Confiance
Et bien sûr une grande confiance mutuelle entre les parents et l’assistante maternelle. Je suis très touchée par cette bienveillance : avec les collègues qui exercent cette même mission, nous accompagnons ces enfants au tout début de leur vie, nous assistons à leurs premiers pas, leurs premiers sourires… C’est passionnant mais très prenant. Sur quatre enfants, il y en a toujours un en éveil !
Autre contrainte, mais je pense que cela va de soi, c’est bien sûr de respecter les habitudes, la culture des familles et des enfants qu’on me confie… Au fond, la base de ce métier, c’est une rencontre, ou plutôt une série de rencontres entre les uns et les autres. J’ai plaisir à constater que les liens tissés perdurent, le plus souvent, après que les enfants sont en âge d’être scolarisés. Avec les familles et les enfants eux-mêmes.
Il y a enfin un point important à expliquer : outre l’agrément renouvelé régulièrement, les visites de la PMI (protection maternelle et infantile, service du Département), il existe un point de rencontre et lieu de ressources, le RAM (relais des assistantes maternelles). Nous pouvons ainsi échanger, confronter nos expériences. Les assistantes maternelles ne sont pas isolées. Une animatrice est même présente régulièrement. Et le cas échéant, on peut faire part de nos questionnements tout en appréhendant des techniques pour, par exemple, contribuer à l’éveil musical ou corporel des enfants que nous gardons… »
Stéphanie Ghestem - Commerciale dans l'agroalimentaire, Albas
Tradition
« Mes parents, chti d’origine, ont décidé de venir dans le Sud lorsque j’avais 9 ans. J’ai intégré l’école primaire à Lalbenque, capitale de la truffe. Rien d’étonnant à ce que je travaille depuis quatorze ans chez Truffes Henras, la plus ancienne maison de truffes encore existante dans l’hexagone, créée en 1820. Pour autant, l’agroalimentaire n’était pas une découverte pour moi puisque dans une première vie professionnelle, j’ai successivement monté une entreprise de fruits exotiques en Colombie, avant de travailler pour un revendeur de melons en Martinique.
Gastronomie
Mes pas m’ont ensuite ramenée dans le Lot, où j’ai rencontré Anne-Marie Gaillard : je travaille à ses côtés, en tant que responsable de la partie administrative et commerciale de l’enseigne. Outre la truffe, un produit à forte identité accrochée au terroir, le groupe Euroma compte deux autres branches respectivement dédiées au canard et au foie gras (Conserverie Michel Catusse) et au saumon en Charente-Maritime. Durant mon temps libre, je fais beaucoup de canoë-kayak. J’ai même été vice-présidente du club cadurcien voilà quelques années… ».
Didier Jouclas - Distillateur, Vers
1840
« C’est une tradition familiale. Mon arrière-grand-père a débuté en 1840 en sillonnant la campagne avec un distillateur traîné par un cheval… Je représente donc la quatrième génération ! J’ai repris l’affaire en 2012, une fois retraité de la fonction publique. Mon père tournait dans quelque 57 communes jusqu’en 2008, puis il a décidé de sédentariser son installation, et c’est également mon choix, même si administrativement, on est toujours considéré comme « ambulant ». On a peut-être perdu un peu en folklore, mais pour la maintenance de l’appareil, c’est préférable… Ce sont donc les bouilleurs de cru qui font le déplacement jusqu’à Vers. On travaille grosso modo d’octobre à fin avril. Toutes sortes de fruits : pomme, poire, marc de raisin, mirabelle, cerise, même de la fraise ! Dans ce dernier cas, par exemple, il faut une dizaine de kilos pour obtenir un litre d’eau-de-vie…
50°
Les privilèges (fiscaux) ont disparu, mais dès lors qu’un particulier possède un verger ou un jardin, il a le droit, s’il paie les taxes, de faire distiller ses fruits pour obtenir jusqu’à 20 litres à 50° par an.
Moi, c’est une activité que je perpétue pour le plaisir, la convivialité, parce que cela m’aurait chagriné que l’on perde la licence. C’est un moment de partage et de rencontre avec les « clients » : on fait tourner la machine, on observe ce fonctionnement toujours étonnant, on discute. Le rendement varie selon les années : quand le temps a été sec, quand le fruit a manqué d’eau, clairement, il y a moins d’eau-de- vie à l’arrivée, mais on est contents quand même…
C’est une question de patrimoine, de culture. Il y a l’amour du métier, certes, mais aussi le sentiment de contribuer à perpétuer une tradition ancrée dans le terroir. C’est vrai pour moi et pour ceux qui viennent faire distiller leurs fruits, et j’observe que là aussi, une nouvelle génération a pris le relais ».
Florent Ricou - Boulanger, Montvalent
Vie active
« J’habite et travaille à Montvalent, au lieu-dit Veyssou, du nom du hameau où j’ai acheté voilà dix ans un ancien four communal du début du XIXe siècle. À partir de 1986, mes parents y ont tenu une boulangerie. À 15 ans, peu admirateur du parcours scolaire classique, je suis entré dans la vie active par la voie de l’apprentissage. En 91, j’ai repris la boulangerie de mes parents après un problème de santé de mon père. Comme eux, je fais du pain de campagne (tourtes, couronnes et petites boules) fabriqué à partir de farine du moulin de Vergnoulet à Mayrinhac-Lentour et cuit au feu de bois.
Philosophie
Dans la vie de tous les jours, je m’efforce de suivre une certaine philosophie, laquelle tend à favoriser les liens sociaux qui ont tendance à trop se distendre avec le développement des nouvelles technologies. Mon état d’esprit découle notamment de plusieurs voyages à l’étranger (Maroc, Tunisie, Lybie, Cuba…) au milieu des années 90, qui m’ont ouvert l’esprit. Durant mon temps libre, je suis membre du club de VTT de Strenquels. Chaque année, j’organise une randonnée au départ de ma boulangerie. En juillet, j’assure aussi une animation sur le pain au pressoir à huile de noix de Floirac. D’ici deux à trois ans, j’ai pour projet de construire une cabane au milieu de 4 ha de bois dont j’ai fait l’acquisition près de Saint-Céré. Le moment venu, j’y vivrai épisodiquement et réunirai mes amis, pour partager de vraies valeurs… ».
Christophe Sarlandie - Pharmacien, Aynac
Services
« La pharmacie fait partie de la vie du village ». À Aynac, aux côtés des autres commerces, du médecin ou de l’école, la pharmacie est l’un des services qui animent le bourg. À sa tête, Christophe Sarlandie. Originaire de Brive, il a effectué pas mal de remplacements après ses études en pharmacie. Puis il y a dix ans, il a décidé de diriger sa propre officine. Il a eu l’opportunité de reprendre cette pharmacie qui existe depuis maintenant une trentaine d’années. Et il emploie aujourd’hui trois personnes, dont un apprenti.
Passions
Christophe Sarlandie est ethnobotaniste de formation. Il a notamment étudié les plantes médicinales utilisées contre le paludisme au Cambodge. « Ce sont des médecines qui se transmettent par la tradition orale, il n’y a pas de trace écrite. Il ne s’agit pas de piller ce savoir mais de le recueillir ». Il est également féru de papillons, thème de sa thèse. « Mais je n’ai plus le temps d’aller dans les champs ». Alors son autre passion est sportive. Lui qui a joué plus jeune au niveau national, il a créé un club de tennis de table il y a six ans, avec quelques amis. C’est aujourd’hui « une grosse occupation ». Le club Limargue tennis de table, né de la fusion avec Saint-Bressou, compte aujourd’hui 73 licenciés, soit un quart des joueurs lotois. C’est donc tout bonnement le plus grand club du Lot avec de nombreux jeunes et un groupe de sport adapté ; « et nous salarions un entraîneur ». Les joueurs se retrouvent à Aynac, Saint-Céré et Lacapelle-Marival. Et l’équipe de Christophe joue les premiers rôles au niveau régional. le club de village a bien grandi…
Rémi Bessière - Apprenti bac pro technicien d'usinage, Figeac
Haute couture
« Je suis passé de la haute couture de la cuisine à la haute couture de l’industrie… C’est toujours du haut de gamme. Mais le produit est différent… » Rémi Bessière, 25 ans, a opéré une spectaculaire reconversion. À Cahors d’où il est originaire, il obtient un CAP puis un brevet professionnel de cuisinier. Pendant deux ans, il rejoint le restaurant d’un palace, entre Nice et Monaco. Passionnant, évidemment enrichissant d’un point de vue professionnel. Mais un métier en forme de sacerdoce. « J’avais des journées de 15 heures. J’aimais ce que je faisais, mais je me suis progressivement rendu compte que je n’avais plus de vie personnelle… » Alors, quand « quelques amis évoquent les possibilités qu’offre l’aéronautique », Rémi décide de franchir le pas. Il contacte le centre de formation dont s’est doté Figeac Aéro et il est admis comme apprenti à la rentrée 2016 pour passer en un an, en alternance, un bac pro de technicien d’usinage.
Un cursus accéléré, rémunéré et diplômant qui le conduira, si tout se passe bien, à signer dès l’été 2017 un CDI au sein de l’entreprise comme opérateur régleur sur machines à commandes numériques. « Je suis reparti de zéro ou presque (j’avais quand même des bases dans les matières générales). Mais c’est un défi, puisque la formation est intense (on doit grosso modo acquérir en un an ce qu’en principe on engrange en trois années). Il faut être motivé, mature. J’ai 25 ans. Je crois que c’est mon cas… En tout cas je sais ce que je veux. Je veux vraiment réussir… »
Le principe même de l’alternance lui convient. « Quand on est dans le système scolaire à 100 %, on est à cent lieues d’imaginer et de comprendre la réalité du travail en entreprise, quel que soit le domaine… »
Avenir
Il le constate au sein de Figeac Aéro. « On est loin, très loin de l’image d’Épinal de l’industrie, où l’on rentre du boulot le visage et les mains noirs… Ici, on est dans le domaine de l’aéronautique, et je retrouve la même satisfaction que j’éprouvais quand je finissais une recette gastronomique. Sauf que désormais, à partir d’un bloc de métal, j’arrive à une pièce qui ira sur un avion. Mais le souci du détail, de la finition, au micron près, le souci de rendre un travail propre, tout cela est assez comparable. » Malgré un rythme de formation soutenu (deux semaines au centre, deux semaines dans l’entreprise même), l’ex-cuisinier s’épanouit. « J’ai la chance d’avoir un tuteur qui a réellement plaisir à partager et transmettre son savoir-faire. » Figeac Aéro, qui a l’objectif de devenir le leader européen de la sous-traitance aéronautique d’ici 2020, pourrait passer de 1 050 à 1 800 salariés sur le seul site de la cité de Champollion. D’où des promos de plus en plus étoffées au CFA intégré : une vingtaine de BAC pro et CAP en apprentissage plus une trentaine de contrats de professionnalisation chaque année.
Et ne dites pas à Rémi que quitte à choisir l’aéronautique, il aurait pu songer à s’établir à Toulouse. « Le cadre de vie n’est pas le même, et le coût de la vie non plus ! Et Figeac, ce n’est pas le bout du monde. Non. J’ai fait le bon choix. Ce métier et ce secteur ont de l’avenir. Et le Lot aussi. »
Renseignements sur le CFA intégré de Figeac Aéro sur le site www.figeac-aero.com
Guilhem Boucher - "Occitaniste" et musicien, Blars
Exil
Il ne faut pas se fier aux seules mentions d’état-civil… Né à Orléans où son père était employé SNCF, Guilhem Boucher est désormais l’un des chantres de la culture occitane dans le Lot. « Mais les racines familiales étaient bien quercynoises… C’est pour le travail que mon père s’était exilé, si je puis dire » répond-il en souriant.
Un paternel qui est du reste à l’origine de sa vocation, voire de sa conversion. « Durant sa propre enfance, il avait été en contact avec des hommes et des femmes nés au début du XXe siècle et qui parlaient quotidiennement le patois, comme l’on disait alors, c’est-à- dire l’occitan ».
Enfant, Guilhem entend donc son père, de temps en temps, prononcer des mots en « langue d’Oc ». « Je crois que je devais avoir 7 ou 8 ans quand le déclic s’est opéré. On avait beau habiter le Loiret, je me suis dit : je veux comprendre, je peux parler cette langue… ». Alors, papa et Guilhem discutent ainsi à la maison. Tant pis si la maman, pourtant lotoise aussi et la sœur de Guilhem ne semblent pas partager ce goût pour ces mots aux accents chantants.
Occitanie
Les années passent. Guilhem entreprend des études de lettres classiques, attiré notamment par le latin. Il s’apprête à passer le concours d’entrée à Normale Sup quand il tombe sur une annonce de la Région Midi-Pyrénées qui recrute un chargé de mission pour la langue et la culture occitanes. Il effectue un premier CDD de quelques mois à Toulouse. Puis, en 2008, une autre annonce. L’Institut d’études occitanes du Lot recherche un enseignant. Guilhem est embauché. Il rejoint parallèlement l’association La Granja, dont l’objet est précisément « la sauvegarde, l’étude et la valorisation de la musique de tradition orale » et qui plus globalement « s’intéresse à l’ensemble de la culture de tradition orale (occitane) ».
Ça tombe bien : la musique, c’est l’autre passion de Guilhem… Il l’a étudiée enfant et, les bases acquises, il a appris le reste en autodidacte. Alors, puisque l’adage est juste, que les écrits restent mais que les paroles risquent de s’envoler (parfois à jamais), désormais, le quotidien de Guilhem, revenu vivre sur le causse, est double. « À mon niveau, je travaille d’une part en milieu scolaire (apprentissage de la langue de manière ludique, avec la musique, évocation des objets du quotidien et des mots qu’ils peuvent le cas échéant employer dans leur entourage) et d’autre part, la musique routinière. Au sens propre du terme. Bals, mariages, soi- rées de contes… Je me mêle aux gens, associant le son et le geste. »
Et Guilhem Boucher de conclure : « Rien de passéiste ou de politique. C’est une question d’identité culturelle. Il y a les circuits courts en économie. Je fais pareil, dans un autre domaine. Et on s’attache forcément à ce qui risque de disparaître. Lors du vote pour le nom de la nouvelle région, il est apparu que tout cela avait un sens… ».
Patricia Labrousse - Jardinière-paysagiste, Sousceyrac-en-Quercy
Bouger
« Ma mère m’a dit un jour qu’elle avait toujours su que j’avais la bougeotte… » De fait. Enfant, Patricia lit des récits de voyages, des romans d’aventures et se passionne pour les cartes de géographie et les atlas. Jeune adulte, elle quitte volontiers son Quercy pour de courtes escapades en Europe. Ce n’est qu’un apéritif… En 2000, à 38 ans, Patricia franchit le pas. C’est-à-dire l’Atlantique. Elle rêvait de l’Amérique du Sud. Ce sera le Brésil, où elle a quelques contacts via des amis français.
« Je suis d’abord restée trois semaines sur la côte, pour appréhender la langue. Puis j’ai gagné l’intérieur du pays. » La voilà bientôt dans le Nordeste, puis dans le Piaui, des régions parmi les plus déshéritées du pays. « J’ai voulu alors me rendre dans le Parc national Serra das Confusoes. Je savais qu’il y avait une association active, là-bas, et que j’aurais peut-être une opportunité… »
Patricia trouve une bonne âme pour la conduire dans cette réserve biologique de 8 000 km2. « Elle me propose de monter dans sa voiture. On échange. J’évoque Toulouse. Puis le Lot. Bingo. Elle-même avait vécu plusieurs années à Cardaillac ! »
Patricia garde contact avec cette archéologue reconnue, enseignante à la Sorbonne, en mission alors au Brésil. Entre-temps, Patricia continue sa plongée dans la culture brésilienne. Et elle découvre d’étonnantes résonances. Au sens propre comme au sens figuré.
« Aux traditions anciennes se sont ajoutés et mêlés les apports des colons portugais. Et cela ne s’est pas perdu au fil des siècles. Sur le plan musical par exemple. Dans les villages, on organise des tournois de quadrille sur fond d’accordéon et de chants qui évoquent parfois et même souvent les airs et même les mots que l’on peut entendre dans le Lot lorsqu’on s‘intéresse au folklore (au sens noble)… »
Un pied de chaque côté de l’Atlantique
De 2000 à 2006, Patricia effectue des séjours de 3 à 6 mois. Puis elle s’installe « en continu », selon ses mots mêmes, jusqu’en 2015.
Si l’enfant du causse n’a pas fait fortune, ce choix de vie l’a enrichie. Humainement. « J’ai appris, et j’apprends encore beaucoup. Au fond, les hommes ont partout leurs travers. Chacun a ses idées reçues sur l’autre monde. Pour eux, l’Europe, c’est l’Eldorado. » Alors c’est décidé, Patricia repartira. « L’automne prochain sans doute. À Bahia. J’y ai déjà travaillé comme jardinière-agricultrice dans une propriété… J’aime le Lot, j’aime vivre ici, chez moi. J’aime accompagner les visiteurs en balade sur le causse. Mais très vite, désormais, le Brésil me manque. » C'est ça, quand on a la bougeotte…
Frédéric Fillocque - Dresseur-instructeur au CNICG, Gramat
« Quand ils parlent du Centre, les gens d'ici disent : le chenil.
Il ne faut pas comprendre ce terme comme péjoratif. C’est tout le contraire. Le CNICG fait pleinement partie du paysage… »
L’adjudant Frédéric Fillocque, 48 ans, est dresseur-instructeur au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie de Gramat depuis juin 2016. Mais il connaissait la « maison » pour y avoir effectué au cours de sa carrière plusieurs stages. C’est une étape incontournable pour les maîtres-chiens de la gendarmerie : le CNICG est la seule école du genre en France.
Tout débute comme un parcours quasi ordinaire. Normand d’origine, Frédéric Fillocque effectue son service national en 1989 comme gendarme-auxiliaire. « J’ai fait la connaissance d’un gradé qui m’a fait aimer le métier. Dans la foulée, alors que je me destinais à une carrière commerciale, j’ai passé et réussi le concours d’entrée à l’école de Montluçon. Six mois plus tard, j’étais sous-officier. »
Son cursus débute comme gendarme mobile. Longues missions dans les DOM-TOM, opérations de maintien de l’ordre : à cette vie « professionnelle » agitée, s’ajoute un événement plus heureux, quand Frédéric se marie.
Il demande alors son affectation dans la gendarmerie départementale. En 1996, il débarque dans l’Isère. Il y reste trois ans. « C’est là que j’ai demandé à suivre une formation de maître-chien. J’étais propriétaire d’un chien, depuis toujours ou presque, passionné par les rapports entre l’homme et son animal. Au fond, je crois que c’était une envie qui m’habitait de longue date : travailler avec et auprès d’un animal… » Le sous-officier suit alors un premier stage à Gramat et rejoint Chamonix, avec comme spécialité la « recherche des personnes ». Ce sera ensuite le Groupe d’investigation cynophile de Châteaulin (Finistère).
Saint Hubert
Avec entre-temps d’autres stages dans le Lot. « Pour dresser un nouveau chien d’abord, pour devenir moniteur ensuite, et enfin, pour former un chien Saint-Hubert… ». Une race au flair hors-normes mais qui n’a que récemment intégré la gendarmerie… Conducteur (de chien) puis moniteur (en région), ne restait qu’une étape. « Après 17 ans de recherche opérationnelle, soit un millier d’interventions, j’ai eu envie de transmettre ce savoir-faire, de faire partager mon expérience… » C’est ainsi que Frédéric Fillocque a rejoint Gramat.
« Qu’il s’agisse de concourir à la lutte contre les crimes et délits ou de retrouver des personnes disparues (avec de plus en plus de personnes âgées dé- sorientées, par exemple), le volume d’interventions des maîtres-chiens a fortement augmenté… Et les techniques de dressage aussi ont évolué. Le centre de Gramat est en contact permanent avec le terrain. Pour être en phase avec les besoins. »
Dans un cadre de vie qu’il dit apprécier, au sein d’une unité à taille humaine, l’adjudant Fillocque mène trois missions au sein du CNICG : « La sélection des chiens (qu’ils proviennent d’élevages, de fourrières, de particuliers…), leur débourrage (dressage) et le bon mariage entre l’homme et le chien. Qu’il y ait une harmonie, une complicité… C’est crucial. Ensuite, durant trois mois, je dirige la formation de ces binômes… » Bref, pas de quoi chômer. « Mais je vis cela comme un aboutissement. Le savoir-faire du CNICG est reconnu. Le matin, je n’ai pas l’impression d'aller travailler. C’est une passion. »
Jean-Claude Lafon - Artisan couvreur, Lachapelle Auzac
Révolte
À l’âge de 16 ans, je me suis révolté. J’aurais pu mal tourné. Mais j’ai eu de la chance. J'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment. » La voix est posée, mais au fil des mots, l’émotion affleure. Comme si l’énergie qui avait poussé l’adolescent écorché vif à dire « non » à son père militaire, il y a presque 40 ans, était toujours présente, sous une autre forme. Jean-Claude Lafon ne s’est pas engagé sous les drapeaux comme l’aurait souhaité son paternel. Mais il n’a pas perdu au change. Ses classes ont duré plus longtemps que dans une caserne, certes. Mais avec des instructeurs hors normes. « Des gens plus âgés que moi. Ils ont compris que j’étais rebelle. Ils ont su trouver les mots et les bonnes attitudes. Avec eux, j’ai compris beaucoup de choses. Ils m’ont remis sur le droit chemin. Ils m’ont permis de donner un sens à ma vie… C’est surtout cet Espagnol qui avait fui le franquisme qui m’a beaucoup influencé. Il avait commencé enfant dans une carrière d’ardoise. Puis il était devenu plombier. Et il avait encore engrangé bien des savoir-faire. Il voulait apprendre, et il a appris. Rencontrant d’autres immigrés. Ce sont eux à leur tour qui m’ont tout appris. Ils venaient d’ailleurs, ils avaient souffert, mais ils avaient l’amour du métier, l’amour du travail bien fait. Je leur dois tout. Vraiment. Alors, quand j’entends certaines choses aujourd’hui, j’enrage. C’est auprès d’eux que je me suis convaincu qu’un jour, j’y arriverais. » Ce n’était pas l’armée, mais c’était parfois, souvent même, aussi exigeant. « Je les trouvais durs. Ils avaient des valeurs. Et envers moi, comme une tendresse filiale. Car au fil du temps, ils ont su m’inculquer le respect de la matière, de la parole donnée. J’ai compris qu’on avait des droits et des devoirs. »
Jeune adulte, Jean-Claude Lafon reproduit les gestes et se nourrit de ces préceptes. « Ce que j’admirais, c’était ce sens de l’exigence. Grâce à eux, je sais que le travail parle pour nous… Parfois je m’inquiétais de ce que pensait le patron. Ils m’ont répondu : fais au mieux. Alors il s’intéressera à toi. Ce fut vrai. »
Jean-Claude gravit les échelons. Et à 32 ans, il s’installe « à son compte ». Il décide alors de rendre ce qu’il a reçu. De transmettre. « Quand je vois ces jeunes qui sont déjà cassés, mal orientés, parfois caractériels, je me dis que je dois leur tendre la main. »
Le savoir
« Le savoir, il ne nous appartient pas. C’est un bien qui se transmet, une richesse commune que l’on doit partager…
… Je suis un homme libre aujourd’hui, et quand je peux transmettre un peu de ce que j’ai appris, j’offre aussi un peu de cette liberté… Et je m’enrichis aussi, humainement. »
Les années ont passé. L’enfant de Gramat vit désormais sur les rives de la Dordogne. « C’était une évidence que de faire ma vie ici… Je suis un patriote du Lot ! » Et ça tombe bien. L’homme de l’art spécialisé dans la couverture peut ici profiter d’un patrimoine bâti exceptionnel. Quitte parfois à maugréer. « Quand on remplace de la lauze par de la tuile, oui, je suis un peu malheureux. Autant que possible, il faut respecter la tradition. Mais il y a aussi des contraintes économiques et il faut satisfaire le client. Je peux aussi bien rénover un élément ancien dans les règles de l’art que réaliser une stabulation ou un toit tout en zinc. C’est notre vocation aussi… »
Son père a fini par l’admettre. « Quand j’ai achevé ma première maison, à 22 ans, j’étais assez fier qu’il puisse la voir. Une sorte de revanche… Il a consenti à dire qu’il était surpris… C’était déjà beaucoup. »
Joël Delpeyroux - Gérant de Mideltech, Saint-Céré
Innovation
" Natif de Loubressac, j’ai obtenu un BTS bureau d’études à Albi avant de partir travailler un temps à Télémécanique à Paris. En suivant, je suis entré à la Sermati, à Saint-Céré. C’est surtout là que j’ai appris à mettre en pratique mes connaissances en tant que responsable d’étude.
En 2000, j’ai créé avec un partenaire la société Sincad, dédiée aux moyens de contrôle à base d’imagerie par caméra. Neuf ans plus tard, avec une partie de mes salariés, j’ai monté l’entreprise d’ingénierie en mécanique Edelcad à Saint-Céré, puis Midletech en 2012, spécialisée dans la fabrication de protections de source laser, normées et certifiées. Nous sommes très peu nombreux en France à concevoir ce type de produits et à avoir contribué à matérialiser le concept d’une machine générique, très peu énergivore, conçue pour l’usinage de petites pièces (pour le compte du secteur dentaire, de la joaillerie, etc.). Cette machine nous a permis de remporter un chèque de 20 000 euros au concours de l’innovation, croissance et développement territorial de la région. Notre implantation nous permet de faire partie du Cluster industriel de la Mécanic Vallée : un vrai plus en termes de synergie et de potentiel de développement. Mon souhait ? Conserver la dimension humaine de notre PME qui compte désormais 12 salariés… ".
Raymonde Garcia - Groupe "Cahors et le Lot autrement", Luzech
« On ne connaît jamais assez chez soi ! »
C’est la réponse de Raymonde Garcia quand on lui demande la raison d’être du groupe Facebook « Cahors et le Lot autrement ». « L’objectif de ce groupe est de faire connaître le département et ce qui s’y passe. Tous les matins, j’effectue ma revue de presse et je publie ce qui me paraît intéressant de partager avec les membres ». Raymonde a commencé comme contributrice : « je suis tombée sur le groupe un peu par hasard, j’y ai mis des commentaires, des photos… et le responsable m’a contactée parce qu’il trouvait mes commentaires pertinents. On s’est rencontrés, on a discuté et puis je me suis engagée ! ».
Permanence
Et en termes d’engagement, Raymonde ne s’arrête pas là : « Quand nous sommes arrivés en 1978 à Bélaye puis en 1984 à Luzech avec mon mari, on ne connaissait personne, alors je suis allée vers les gens et je me suis engagée dans pas mal d’associations. Aujourd’hui, je suis présidente des Coyotes Dancers (la danse country est l’une de mes passions) et trésorière de « l’Université rurale de la commune de Luzech » et de « Luzech médiéval ». J’ai été aussi présidente de « Lire à Luzech », d’ailleurs j’effectue toujours une permanence le mercredi matin à la médiathèque (si vous voulez venir me voir !), et j’ai siégé 25 ans au conseil municipal de Luzech ».
Parisienne d’origine, Raymonde donne beaucoup de son temps pour partager la vie de notre territoire au plus grand nombre ! Le groupe « Cahors et le Lot autrement » rassemble près de 4 000 personnes.
Jean-Luc Lacrampe - Président des Bouchons d'Amour, Gramat
Associations
« J’ai 58 ans, je suis conducteur d’autocar. Une chose a toujours été chevillée en moi : l’engagement associatif. Cela a commencé alors que j’étais apprenti. Je me suis investi dans le comité des fêtes, puis il y eut les clubs sportifs ou encore la Fédération des accidentés du travail… Et désormais, ce sont les Bouchons d'amour… Au niveau national, l’association est parrainée par Jean-Marie Bigard. Il n’y avait pas d’antenne dans le Lot. Après un contact téléphonique, j’ai participé à une réunion, à Montauban, et j’ai décidé de me lancer. C’était en 2015. À ce jour, nous avons collecté plus de 100 tonnes. Il a fallu tout organiser. Des points de dépôt, des endroits de stockage, des circuits de collecte… Et pour le tri, la mairie d’Alvignac nous prête une salle. Car il faut trier, oui : pas de bouchons de flacons de produits toxiques, bien vérifier qu’ils soient propres, qu’il n’y ait pas de papier ou de métal collé…
Handisport
Et dès que l’on est prêt, un camion peut transporter 10 tonnes vers une usine belge qui paie 235 euros la tonne pour les transformer en palettes. Il n’y a pas de frais de fonctionnement. Tout est reversé en faveur des personnes handicapées. Les Jeux de Rio retransmis à la télé ont boosté l’intérêt pour le handisport. Tant mieux. Et je peux vous dire que quand on offre un fauteuil adapté à un basketteur, son sourire et ses larmes valent tous les sacrifices… On est quatre bénévoles seulement ! Cela étant, pour le tri, des personnes handicapées, éventuellement encadrées, nous aident.
Ma vie serait incomplète sans cet engagement. J’ai été confronté à ce problème du handicap. C’était donc bien le moins… Et tant mieux : il s’avère que le Lot figure déjà parmi les départements les plus actifs au niveau de la collecte. Les enfants, notamment, sont formidables. Ils ont compris que cette action conjugue solidarité et développement durable ! »
Carole Alleguède - Professeur des écoles, Faycelles
Viazac
« Je suis née à Figeac, mais c’est en pleine campagne, à Viazac, que j’ai passé toute mon enfance. Je garde de cette époque les souvenirs de balades en forêt, en même temps qu’une forte sensation de nature et de liberté.
Après avoir exercé mon métier de professeur des écoles durant deux ans en Corrèze, je suis revenue à mes racines, pour enseigner successivement à Labastide-Murat, Saint-Martin-Labouval et depuis 2006 à Faycelles.
Découvertes
En tant qu’enseignante pour des enfants de 6 à 9 ans, je m’estime spécialiste en rien, mais je touche à toutes les matières : français, mathématiques, art visuel, éducation musicale… Grâce à sa richesse culturelle et patrimoniale incroyable, notre département nous offre de nombreuses opportunités de découvertes que nous exploitons autant que possible avec mes élèves de CE1/CE2. Nous organisons régulièrement des sorties culturelles. L’an dernier, nous sommes allés trois fois au musée Champollion, autour de thématiques aussi variées que les hiéroglyphes, l’invention de l’écriture en lien avec l’histoire et, en conclusion, un travail sur le livre des morts de Neferiou. J’aurais pu vivre ailleurs, mais le Lot m’apporte tout ce dont j’ai besoin, le calme en prime… ».
Huguette Galante - Enseignante retraitée, Padirac / Epinay
Dix minutes.
Seulement. C’est presque un luxe en région parisienne. Jusqu’il y a peu (elle est désormais retraitée après avoir enseigné les arts plastiques à Paris), Huguette Galante n’avait que dix minutes de trajet en transport en commun de son domicile, à Épinay-sur-Seine, jusqu’à son lieu de travail. C’est peu. Mais c’est beaucoup quand on a l’œil acéré et le coup de crayon assuré.
Alors pendant des années, durant ce court laps de temps, elle a figé sur un carnet les visages et silhouettes de ses voisins assis sur les banquettes ou de- bout, appuyés sur les barres verticales. Deux dessins le matin à l’aller, deux le soir au retour.
« J’ai d’abord empilé ces carnets de croquis sur des étagères et puis j’ai décidé de les publier sur un blog (https://trainsurtrainghv.com). Une amie m’accom- pagnait pour écrire des textes entrant en quelque sorte en résonance avec ces visages inconnus… ».
Padirac
Originaire de Padirac, où elle a gardé une maison de famille et où elle revient inlassablement durant ses congés, Huguette fait partie de ces Lotois expatriés qui ont conservé leur « pays » chevillé au cœur.
Mais quand elle revient sur « ses » terres, elle continue de croquer. « Des visages. Des êtres. Encore et toujours. Mais qui ne sont pas des voyageurs… ». Au fil des années, elle a vu la région évoluer, les paysages changer. « Jadis, le causse était nu. Il y avait des haies tout au plus, et des murs en pierres. J’ai l’impression que c’est une vaste forêt maintenant. Il y a moins de troupeaux : je comprends qu’être paysan désormais, ici, c’est forcément plus compliqué. Je me souviens aussi du monde de la chasse, des battues, des vols de palombes. J’ai parfois le sentiment que cela s’est perdu. Il demeure une vraie vie, pourtant, dans cette campagne. Des fêtes du pain, du terroir, des animations… Il y a des nouveaux habitants mais je retrouve toujours avec plaisir parents et amis d’autrefois. On est fait de cette terre, on ressent les choses de la même manière… Même quand on vit la majeure partie du temps à Paris… »
Huguette espère pouvoir exposer dans le Lot une partie de ses œuvres. De ses croquis. De ses instantanés. « Via le blog ou les réseaux sociaux, on a des commentaires, quelques retours. Mais je souhaiterais parfois des échanges plus riches… » A fortiori s’ils viennent de gens du pays. De Lotois.
Camille Marzorato - Joueuse de rugby, Luzech
Le rugby en famille
« Quand j’étais enfant, je portais sans arrêt des baskets… Maintenant, je mets parfois des talons et si je ne passe pas tout mon temps à me pomponner, je me sens pour autant très féminine ! » Camille a 16 ans. Et elle a le rugby dans le sang. C’est familial. « Mon père jouait, mes cousins, mes oncles… J’allais au match, gamine, le week-end, le jeu comme l’atmosphère me plaisaient. Et cela ne m’a pas quittée.»
À 10 ans elle franchit le pas. Habitant à la frontière du Lot et de Tarn-et-Garonne, elle devient licenciée à Valence-d’Agen.
« J’ai joué pendant cinq ans… avec des garçons. C’est souvent comme ça dans les premières catégories… ». Mais une fois ado, l’itinéraire se précise. Camille poursuit son cursus au lycée agricole de Toulouse-Auzeville. « J’envisage des études dans le domaine vétérinaire et, parallèlement, j’ai intégré la section rugby… » On ne se refait pas… Une heure et demie d’entraînement le lundi et le mardi en fin de journée, et un match le mercredi en championnat scolaire !
Les Infernalles
Autant dire que c’est un élément de choix qui a rejoint les rangs du club de Luzech dans la section « cadettes » que dirige Audrey Galthié, qui sait elle aussi que le ballon ovale peut faire partie de l’ADN familial. Avec déjà une équipe de féminines seniors à l’appellation explicite (« Les Infernalles »… avec deux « l » !), l’USL est le pivot de l’opération « Ensemble pour le rugby féminin » qui regroupe différents clubs du Quercy blanc et de la basse vallée du Lot.
« On évolue dans un championnat de rugby à VII » explique Camille. « C’est une passion. Le week-end, entre le match ou l’entraînement avec mon club, les résultats du haut-niveau (je suis supportrice de l’Usap, le club de Perpignan, ma maman ayant des racines catalanes) ou les retransmissions télé, c’est 100 % rugby… ».
Et Camille assume. Si elle n’a jamais ressenti de sexisme ou d’ironie, elle a parfois essuyé des réflexions. « Des ami(e)s me disaient que je devais être dure, forte, et après tout, ce n’est pas faux. C’est un sport exigeant. Mais le rugby féminin n’est plus cantonné dans une sorte de ghetto. Il est même devenu à la mode. Il y a des rencontres de l’équipe de France diffusées à la télé. Les gens ont compris : on peut être une fille et aimer jouer au rugby. C’est clair… ».
Josette Alazard - Bénévole à la Banque alimentaire, Douelle
Banque
Josette est l’une des figures de la Banque alimentaire du Lot. Cela fait maintenant sept ans qu’elle donne de son temps à l’association : « C’est une amie qui m’a dit qu’ils cherchaient des bénévoles ; ça m’a plu donc je suis restée et j’ai continué. Je viens deux fois par semaine, en début et en fin de semaine ». Collecter, trier, et distribuer les denrées alimentaires sont les missions de l’association et de Josette qui participe également aux actions ponctuelles de la Banque alimentaire comme l’organisation de brocantes par exemple.
Bénévolat
« Je suis ravie de faire du bénévolat, ça m’apporte une satisfaction. J’aime le contact avec les gens, servir les associations, ça me plaît. J’aide mon prochain comme je peux. »
Arrivée à Douelle en 1977, ville d’origine de son mari, qui a été pendant six ans au conseil municipal, cette retraitée de Boissor s’engage, elle aussi, au niveau local, notamment dans le club des aînés Arc-en-Ciel, l’association Vivre au village et Vignes et châteaux : « tant que je peux, je continuerai mes activités bénévoles. J’ai toujours travaillé avec des jeunes, ça booste et ça empêche d'être une mémé! »
Émeline Bardou - Docteur en psychologie à Pinsac
Réponses
« Je partage mon temps entre la recherche, mon métier de psychologue auprès de patients et, de façon ponctuelle, je délivre des cours à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Détentrice d’un doctorat en psychologie, j’édite aussi des articles et j’ai déjà publié deux livres. J’aime aider les gens en difficulté à trouver des éléments de réponse à leurs questions ou des pistes concrètes pour qu’ils aillent mieux. Je suis notamment salariée dans un centre médico-psychopédagogique à Cahors. En libéral, je travaille ;en maison de santé, notamment celles de Payrac et de Cressensac, où je dispose d’un cabinet, parfois en liaison avec d’autres praticiens.
Chênes
Bien qu’originaires de Toulouse, le Lot correspond à ce que nous recherchions avec mon conjoint, tant sur le plan culturel que de la nature et de l’accueil. Nous sommes allés au bout de notre démarche. Nous avons construit une maison dans une forêt de chênes et nous disposons de fait d’une qualité de vie difficile à trouver à Toulouse, où nous ne parvenons plus à trouver nos marques. Notre fils de 4 ans apprend les choses en les vivant. Dans le Lot, les gens sont dans le lien, la solidarité. Nous vivons dans un milieu humanisant. C’est une vraie richesse ».
Maryvonne Delvert - Présidente de l'Esquirol, Lanzac
Retraite
« Pour arriver dans le Lot, j’ai suivi le cours de la Dordogne… ». D’origine auvergnate, Maryvonne Delvert a découvert la région grâce à son époux. « Nous passions nos vacances à Lanzac dans la maison de ses grands-parents. Son rêve était de la restaurer et d’y habiter une fois la retraite venue. C’est chose faite depuis 2006 ! ». Psychologue et formatrice, Maryvonne était auparavant chargée de mission en charge du programme handicap à la Fondation de France. « Un domaine qui me passionne ».Assez rapidement après leur installation à Lanzac, Maryvonne et son époux se sont impliqués dans L’Esquirol : « pour participer à la vie du village ». Elle est d’ailleurs devenue présidente de cette dynamique association il y a sept ans.
L'Esquirol
« Aujourd’hui, nous avons 128 adhérents recrutés dans 20 communes, mêmesile cœurde l’association reste Lanzac ». Fondée en 1981 pour créer du lien social et animer la commune, L’Esquirol a évolué et propose de nombreux ateliers. Informatique, randonnée, peinture, danse, chorale… les animateurs bénévoles partagent leurs centres d’intérêt avec les adhérents.
« Le fait de se retrouver chaque semaine a permis de créer des liens d’amitié ». L’Esquirol organise aussi des événements ouverts à tous (thé dansant, vide grenier, repas dansant…) « Et nous avons la chance d’être au carrefour de plusieurs départements avec de nombreuses offres culturelles. Nous proposons donc des sorties à Sarlat, Brive, au théâtre de l’Usine à Saint-Céré, ou au café-théâtre à Rocamadour, avec des tarifs intéressants (abonnements, tarifs de groupe). Et en organisant le covoiturage ».
Patrick Mambert - Chef d'entreprise, Biars-sur-Cère
Bâtiment
« L’été, au lieu d’aller trier des fruits chez Andros, je travaillais chez mon père… » Patrick Mambert est encore lycéen quand il comprend que représenter à terme la troisième génération à diriger l’entreprise familiale constitue un challenge qui lui plaît. Après un bac à Brive, un BTS en construction métallique puis un diplôme d’ingénieur en génie civil à Toulouse, en 92, il intègre la société, son père lui cédant les rênes en 99. « Sans le dire, mon père l’espérait. Il avait stoppé les investissements mais quand je lui ai fait part de mon intérêt, il les a repris. Je crois qu’il aurait été déçu si… ». Fallait-il néanmoins avoir quelque appétence pour ce secteur d’activité. « La mécanique, le travail du métal, les calculs de bureau d’études sur un projet de bâtiment, j’aimais et j’aime toujours. Il fallait aussi avoir envie de diriger une PME : le contact avec la clientèle, les négos commerciales, la gestion, les ressources hu- maines. Je m’y suis mis. Même si de nos jours, c’est vraiment devenu très compliqué et usant avec toujours plus de normes, de responsabilités… »
Car son ADN, à Patrick Mambert, c’est bien de concevoir des bâtiments (à vocation agricole, industrielle, commerciale ou de services, pour les collectivités). De les dessiner, de trouver les solutions à même de satisfaire le client tout en tenant compte des contraintes techniques, puis de veiller à la construction et d’enchaîner les réunions de chantier…
Proximité
La société conçoit, fabrique et monte. Pas de sous-traitance. Intervenant dans le Lot, en Corrèze et dans le Cantal, dans un rayon d’une heure et demie de sa base, à Biars-sur-Cère, le volume d’activité de l’entreprise a valeur aussi de baromètre de la santé économique du territoire. « Les investissements des collectivités ont ralenti. Pour ce qui est des agriculteurs, qui sont de vrais entrepreneurs désormais, on constate que leurs commandes dépendent des subventions (européennes).Les besoins sont là. Quand les fonds sont débloqués, alors on a parfois une dizaine de chantiers qui se profilent puis ensuite, plus rien pendant trois ou six mois. Quant à l’industrie et au commerce, même s’il y a de la concurrence, notamment de groupes nationaux, l’activité se maintient car nous sommes bien implantés. On sait faire du sur-mesure. Notre proximité est un atout. »
Pour autant, le dirigeant dont le grand-père avait débuté en créant une forge à Calviac dans les années 30 ne cache pas ses doutes. « Au fond, si aucun de mes enfants, le moment venu, n’est tenté par l’idée de reprendre le flambeau, alors je serai sans doute soulagé. Ce serait pour lui un cadeau empoisonné. Concevoir puis construire des bâtiments métalliques est passionnant, diriger une entreprise de 22 salariés est devenu incroyablement difficile. »
Magali Vialatte - Auxiliaire puéricultrice, Gramat
Revenir
« Auxiliaire puéricultrice de formation, j’ai d’abord vécu à Paris où j’ai élevé mes enfants. Puis, en 2009, avec mon mari qui est originaire du Lot (moi-même étant de Brive, une voisine en somme), nous avons décidé de « revenir » sur Gramat.
C’est alors que j’ai souhaité reprendre une activité liée au domaine de l’enfance. J’ai découvert les massages bien-être pour bébés. Après une formation en région parisienne, un certificat en poche, je me suis installée et j’ai ouvert un atelier « Tout en douceur ».
Tout en douceur
Les séances peuvent aussi avoir lieu au domicile des parents s’il y a problème de trajet, ou dans une structure (maternité, crèche…). L’idée est d’apprendre en quelques rendez-vous les bons gestes aux parents. Les bienfaits sont partagés. Le massage soulage le bébé qui souffre éventuellement de maux de digestion, par exemple, cela le détend, le rassure… Et pour les parents, dans une atmosphère « cosy », c’est un moment privilégié de contact avec l’enfant en dehors des gestes habituels (habillement, repas…). Chacun apprend ainsi à mieux se connaître. Je précise que ce n’est pas une activité médicale, et que j’utilise un poupon pour enseigner les gestes appropriés. Moi qui ai vécu en région parisienne, je m’aperçois que même dans un territoire comme le nôtre, où le stress est a priori moins prégnant, ces massages sont l’opportunité de s’offrir des parenthèses bienvenues. »
Annick Garrigues - Secrétaire de mairie, Montfaucon
A pied ou à vélo
Ce n’était pas une vocation. « En 83, nous avons emménagé à Montfaucon, mon mari travaillant à Gramat et moi comme secrétaire d’un concessionnaire automobile à Cahors. Soit 45 minutes de trajet… En 86, mon prédécesseur est parti à la retraite. J’ai postulé. Et j’ai été embauchée. Il n’y avait qu’un préalable, continuer à habiter dans la commune. Ce n’était pas un souci. Cela fait trente ans maintenant que je vais au travail à pied ou à vélo. Et en souriant… C’est un luxe, j’en suis consciente. »
Née à Figeac, Lotoise « pur jus », Annick Garrigues, 54 ans, a connu et travaillé avec trois maires et elle mesure l’évolution de son « métier » pas tout à fait comme les autres… « Il y a eu l’irruption de l’informatique puis d’Internet, la création de l’intercommunalité… À l’inverse, bien des procédures se sont complexifiées, il y a plus de textes, plus de normes… Mais une chose demeure. Essentielle. C’est la proximité. »
« C’est un travail tout en diversité, riche, humain…
… La mairie reste pour bien de nos concitoyens le premier point de contact, là où l’on trouve toujours un interlocuteur, a fortiori dans une commune rurale. Problème de voirie, de cimetière, de permis, d’école… Parfois, même sur le marché, on me sollicite. Quand je peux, je réponds tout de suite et, quoi qu’il arrive, je transmets. Il faut un rapport de confiance avec les habitants comme avec les élus. Et cela a toujours été le cas. » Ce lien avec le public s’est accentué en 2009, quand la mairie a accueilli en son sein l’agence postale. « Le trafic s’est accentué. Les contacts aussi. Certes, il y a bien des demandes qui peuvent être faites par le public à domicile, par Internet. Mais rien ne remplace le conseil, une discussion en face-à-face. » Alors que Montfaucon regagne des habitants (plus de 570), possède un Ehpad (maison de retraite) et un centre de rééducation fonctionnelle, un taux d’habitat social non négligeable permet un « vrai brassage de la population et une certaine mixité sociale » qui concourent au bien vivre. « Il n’y a pas de personnes en situation d'isolement » se félicite Annick.
Natacha Richard - Employée Lot Aide à domicile, Gramat
Domicile
« Cela fait désormais dix ans que j’interviens auprès de personnes âgées qui continuent d’habiter chez elles. Cela n’a rien à voir avec le tra- vail dans une structure collective d’accueil. Il y a un aspect relationnel très fort. On entre dans l’intimité des gens, qu’il s’agisse d’une aide pour la toilette, de la préparation du repas ou du ménage… Le plus souvent, je suis la seule visite, le seul contact de la journée. Ce lien avec la vie extérieure est primordial, comme l’est évidemment le fait de parler, d’échanger…
Nous leur apportons beaucoup (sur le plan psychologique, bien sûr, et aussi très concrètement, parce que sans nous, elles ne pourraient plus rester chez elles seules), mais ces personnes nous apportent aussi : je suis touchée par leur souci d’évoquer leur histoire, de transmettre leur savoir, je suis sensible à leur sagesse… Il faut aussi demeurer attentif : c’est à ce niveau que le travail en équipe est fondamental. Si nous remarquons quelque chose d’anormal, un trouble de l’appétit, par exemple, nous nous le signalons entre collègues, et le cas échéant, l’info est relayée auprès des soignants et de la hiérarchie. J’ai actuellement une quinzaine de personnes auprès desquelles j’interviens peu ou prou sur le secteur de Rocamadour, Carlucet, Rignac… Autant je m’investis totalement quand je suis chez elles, autant il faut savoir aussi se protéger sur le plan affectif et psychologique : et quand on referme la porte, c’est à tous points de vue… Une fois rentrée à la maison, je veux profiter des miens à 100 %. À défaut, le mal-être des seniors que l’on a accompagnés dans la journée continue de nous ronger.
Jardin
Le rythme des saisons n’est pas sans influence : l’hiver est la période la plus rude. Mais quand, aux beaux jours, en notre présence, une personne âgée qui vit seule peut faire quelques pas dans son jardin, alors c’est toute sa journée qui en est embellie…
Originaire de la région, j’ai d’abord exercé dans des établissements, notamment à Salon-de-Provence où mon mari avait été affecté. De retour dans le département, c’est après une VAE (validation des acquis de l’expérience) que j’ai rejoint Lot Aide à Domicile comme auxiliaire de vie ».
Pierre Mériguet - Fustier, Prayssac
Rondins
« Natif de la Haute-Vienne, j’ai obtenu un diplôme de génie civil en Corrèze. C’est là que j’ai rencontré la personne qui m’a formé à la fuste, une méthode qui consiste à construire des maisons en rondins de bois. Originaire de Scandinavie, ce type d’habitat est courant aux États-Unis, au Canada et dans les pays de l’Est. Il a été importé dans les années 80 en France.
J’ai créé ma société en 2004, après avoir successivement travaillé pour le secteur des travaux publics, et en tant que contrôleur des travaux routiers pour le Département. La fuste constitue un habitat sein qui s’intègre parfaitement dans nos paysages. Si je travaille partout en France (dans le Jura, en Normandie…), j’ai déjà construit deux fustes dans le Lot et suis en passe d’en monter une nouvelle à Montcuq, après l’avoir préfabriquée dans mon atelier à Prayssac.
Je suis venu dans le Lot dans le cadre d’un rapprochement familial, mais j’y venais en vacances depuis tout petit car ma grand-mère est née à Lacapelle-Marival ».
Frédéric Thiollet - Oenologue, Pescadoires
De père en fils
« Le vin, je suis presque tombé dedans lorsque j’étais petit. Mon père Pascal, originaire de la Haute-Vienne, a trouvé son premier emploi d’œnologue dans le Lot, en même temps que la création de l’appellation Cahors en 1971. Il a été employé par le syndicat de défense du vin de Cahors jusqu’en 1984, année où il a créé son propre laboratoire d’œnologie à Pescadoires. J’ai intégré le laboratoire Thiollet en 2004, avant d’en prendre sa direction.
250 vignerons
La confiance est primordiale dans ce domaine et j’ai été très bien accueilli par tous les clients vignerons qui fonctionnent aussi de façon intergénérationnelle, autrement dit de père en fils. Aujourd’hui, notre laboratoire compte 8 salariés et accompagne quelque 250 vignerons (principalement du Cahors, des vins de Pays du Lot, des coteaux du Quercy, des coteaux de Glanes, de Rocamadour), de la vinification à l’élevage, en passant par l’assemblage et la conservation de leurs vins. Je leur apporte ma personnalité, un nouveau regard et de nouvelles techniques, à l’instar de la thermovinification, qui permet de produire des vins faciles à boire, fruités et très gourmands… ».
Catherine Baker - Bénévole à la bibliothèque de Lauzès
Trait d'union
"C’est une bibliothèque mais idéalement, ce doit d’abord et en tout cas aussi être un lieu de vie, un trait d’union, une contribution au lien social… ». Ancienne journaliste, Catherine Baker raconte volontiers qu’enfant, elle passait son temps dans les bibliothèques. Elle est de celles et ceux pour qui l’écrit n’est pas un vain mot, et le livre un objet encore et toujours vivant. Alors, quand elle a appris que la bibliothèque de Lauzès, 170 habitants, risquait de dis- paraître, elle a décidé de s’investir pour re- prendre le flambeau. L’ancienne association s’est dissoute, une nouvelle s’est créée. « Il s’agissait de sauver une structure qui nous semblait primordiale. Tout simplement...".
La bibliothèque est entre-temps devenue « municipale », mais pour la faire vivre, la diriger, l’animer, c’est le collectif des « Amis de la Bibliauzès » qui est à l’ouvrage, sans jeu de mots…
« Aux côtés d’Anne-Marie Balagny, qui occupe bénévolement la fonction de bibliothécaire, j’ai en charge plus spécifiquement l’animation, les activités… Cela passe par l’organisation de débats, la mise en place d’ateliers ». Mais Catherine avance un préalable, une sorte d’éthique : « Notre credo est la gratuité. Et de ce fait, que le livre et plus généralement la culture soient disponibles et accessibles à tous… ».
Challenge
Sur les étagères, on trouve donc aussi bien des magazines et des livres de bricolage que des ouvrages purement littéraires. Il y a aussi des jeux. Et un ancien bénévole de l’équipe précédente, qui dispensait des cours d’informatique, a accepté de reprendre du service selon les demandes… Une façon de (ré) concilier, en ce lieu, l’écrit et le numérique, qui semblent si souvent s’opposer, alors qu’un équilibre et une complémentarité « doivent pouvoir être trouvés », relève Catherine.
Elle salue le travail et l’investissement de ses prédécesseurs (Maryse, Dominique, Monique, Philippe et Annie) et consent que le challenge n’est pas simple. Et pas seulement financièrement (faire venir un auteur en ne prenant en charge ne serait-ce que les frais de déplacement, c’est encore impossible…). Mais Catherine est persévérante. La bibliothèque vivra. Une expo photo, un café partagé, une petite discussion au moment d’accueillir un villageois venu emprunter ou rendre un livre : autant de petits moments de bonheur qui participent à la vitalité de la commune. Et au « bien vivre » et à la culture à Lauzès.
Dominique Ngantcha - Gérant entreprise d’e-commerce, Mercuès
Haut débit
« Avec mon épouse Virginie et notre fille Manon, nous sommes installés dans le Lot depuis septembre dernier. Mes beaux-parents vivent à Espère. Le Lot est géographiquement bien situé en termes de logistique. Grâce au haut débit, je peux tout gérer de mon bureau de Mercuès. Un plus certain. J’ai beaucoup bourlingué dans ma vie. D’origine camerounaise, je suis arrivé en France il y a une dizaine d’années pour faire mes études supérieures. J’ai notamment obtenu un BTS de gestion de production dans l’industrie du bois, une licence en management et conduite de projet à Lille et un master responsable gestionnaire des industries du bois à l’institut supérieur de management des industries du bois de Tulle. En 2011, après avoir travaillé à Paris dans une entreprise d’ameublement design, j’ai été embauché par une multinationale américaine basée dans le Gers, pour assurer le poste de responsable développement produits.
Coton bio
En 2015, j’ai décidé de voler de mes propres ailes en lançant une marque de vêtements en coton bio, vendue sur Internet. Dans mon élan entrepreneurial, j’ai ensuite créé une société de services aux entreprises étrangères. Je leur propose d’être leur intermédiaire, d’assurer une certaine réactivité et ainsi d’améliorer leur image de marque en France. Je compte notamment parmi mes clients un fabriquant d’électronique chinois. Parallèlement, je donne des cours en licence pro de management à l’université de Lille à raison d’une semaine par semestre ».
Nadine et Bernard Moreau - Propriétaires de gîtes, Albas
Hasard
« Nous sommes tous les deux d’origine parisienne. Notre première vie professionnelle dans l’industrie pétrochimique nous a amenés à voyager sur quatre continents. Lors de notre dernière mission en Norvège, nous avons eu l’idée de monter quelque chose ensemble. Hasard de la vie, nous avons trouvé l’endroit de nos rêves à 40 km de Sénaillac-Lauzès, village où l’une de nos arrière-grands-mères a vécu jusqu’en 1895, avant son départ pour Paris.
Yourtes
Après l’obtention des indispensables autorisations, nous avons ouvert en 2012 sur le causse d’Albas un village de gîtes, dix yourtes aussi insolites que confortables. Ouvert toute l’année, ce type d’habitat utilise des matériaux nobles et s’inscrit très bien dans la belle nature qui nous entoure. À l’instar des visiteurs, nous ressentons un sentiment d’harmonie et de bien-être en vivant ici. Les Lotois sont avenants et nous faisons en sorte de travailler en bonne synergie avec les producteurs locaux ».
Caroline Salvat - Restauratrice de sculpture, Cahors
Patrimoine
Caroline Salvat est restauratrice de patrimoine sculpté : une profession peu répandue, qui lui apporte une connaissance très précise des objets qui lui sont confiés. « Mon métier est à la fois très technique et très intellectuel. Cela demande réflexion, expertise pour évaluer et diagnostiquer le degré d’altération des objets, de rechercher les bonnes solutions, les bons matériaux… pour prolonger leur vie sans les abîmer. J’exerce beaucoup toute seule et parfois au sein d’une équipe. On y apprend énormément. C’est aussi un métier gratifiant, quand on mène une opération de dépoussiérage ou de nettoyage et qu’on redécouvre un détail de l’objet ou ses couleurs par exemple ».
Caroline est amenée à restaurer des objets qui datent tant du XVe que du XXe : « Avoir accès à l’histoire des objets, voir les traces que l’homme y a laissées est très intéressant. Remettre à neuf, ce n’est pas mon métier. Le mien, c’est de rendre hommage au sculpteur et aux personnes qui ont œuvré pour allonger la vie d’un objet. Je remets en valeur cette histoire ». Ses chantiers peuvent durer d’une semaine à plusieurs mois. « Pour l’année 2017, j’ai une dizaine de chantiers programmés dont un retable de Carnac-Rouffiac sur lequel je travaille avec d’autres personnes et la piéta de l’église de Lalbenque. Le Lot a beaucoup d’objets conservés et qui valent le coup d'oeil ».
Céline et Florent Calméjane - Concessionnaire, Figeac
Frère et soeur
« Nous dirigeons depuis 2011 la concession automobile créée par notre père Michel en 1986. Mon frère est devenu chef d’atelier en 1998. Après une école de commerce, j’ai pour ma part choisi de rejoindre la société familiale en même temps qu’une certaine qualité de vie. En 2004, j’ai intégré l’entreprise en tant que conseillère commerciale. Sept ans plus tard, notre père est parti à la retraite en nous laissant les rênes. Du fait de notre bonne entente et de la confiance qui nous anime, notre affaire aujourd’hui spécialisée dans la vente de véhicules neufs et d’occasion, la réparation mécanique, la carrosserie et les pare-brise, fonctionne bien. La confiance est là et nous rend plus forts. Notre garage est à l’image de nos valeurs familiales : efficace, convivial, soucieux du sens du service et de la proximité… ».
Gwen Rio - Association Babel-Gum, Lalbenque
Culture
« J’ai toujours eu envie de bosser dans la culture… ». Une profession de foi que Gwen Rio s’efforce de mettre en œuvre et de décliner depuis toujours. Après des études de philo puis de communication et enfin de gestion d’événements culturels, cette Lorientaise d’origine gagne Toulouse en 2008. C’est là qu’elle rencontre d’autres jeunes artistes ou techniciens du spectacle convaincus de la pertinence d’une idée qui sera la pierre angulaire de l’association Babel-Gum, qu’ils créent en 2009 : « Il faut une structure itinérante pour aider à l’irrigation culturelle des territoires. » Gwen intègre l’équipe à plein temps dès 2010, Babel-Gum s’étant fixée à Lalbenque où l’un des membres du collectif a ses attaches et possède l’espace à même d’accueillir les structures mobiles (yourte, caravane…) : « On y est toujours, et on y est bien. » C’est ainsi que se déclinent le projet et l’action de Babel-Gum : mettre à disposition des acteurs locaux (associations, troupes) ses outils et son savoir-faire tout en jetant les bases d’une réflexion sur la politique cultuelle des territoires.
« L’idée de base, c’est qu’on a besoin d’un terreau dense, vivant et diversifié pour que chaque habitant se sente bien. La culture, c’est davantage qu’un lien social. Cela donne du sens… ». Le tout, sans tomber dans les clichés, « comme d’organiser un spectacle d’accordéon dans un village rural ou un atelier de hip-hop dans un quartier urbain… L’intérêt, c’est de croiser les genres et les publics… »
Alors, outre une « boîte à outils » (dont la fameuse yourte) pour aider à la mise en œuvre de rendez-vous culturels, Babel-Gum organise pendant cinq ans son propre festival itinérant, tant dans le Lot que dans d’autres régions. Artistes professionnels et amateurs s’y produisent durant des temps forts qui mettent également à contribution les associations locales. « Cette itinérance a permis de semer des graines, d’être un catalyseur » se félicite Gwen Rio. « Nous avons arrêté les festivals itinérants en 2014. Les retours étaient positifs, mais l’équilibre économique trop précaire. »
Territoire
Qu’à cela ne tienne, Babel-Gum continue de tracer… sa route. La boîte à outils est toujours au service des acteurs locaux qui la sollicitent, et l’association propose ses propres festivals ou participe à la création d’événements « uniques » à la demande « d’acteurs locaux ». C’est le cas par exemple à Lalbenque même (courses de caisses à savon) ou pour la Fête de la Nuit à Cuzals.
« Le Lot est typiquement le genre de territoire où notre démarche est pertinente de par sa géographie, sa démographie, sa sociologie. Reste à trouver, encore et toujours, un équilibre économique… » note Gwen, chargée de production mais également auteur. Car Babel-Gum, c’est plusieurs salariés et des contrats aidés ou des jeunes en service civique. Qui ne vivent pas uniquement de l’amour de l’art !
2017 marque une nouvelle étape. Jusqu’en avril, l’association se concentre sur la construction d’un nouvel « outil », un chapiteau doté d’un dôme autoporté. Là aussi, il y a symbiose avec le tissu local. Babel-Gum s’occupe de la structure métallique et une PME lotoise réalise la toile. Un investissement possible grâce à un bilan financier non déficitaire, au soutien de la fondation RTE et à des aides bénévoles. Mais encore faudra-t-il le « rentabiliser ». Gwen Rio et ses collègues y travaillent. Dès le mois de mai, la saison pourra réellement débuter…
Michel Alaux - Producteur de safran, Laburgade
Histoire
« Du Moyen Âge au XVIIIe siècle, le Quercy était gros producteur de safran. Puis pendant, beaucoup de familles avaient conservé des bulbes de fleurs (une variété de crocus) dans leur jardin, pour leur consommation personnelle… Il y a une vingtaine d’années, un retour en grâce s’est opéré, surtout à Cajarc et dans ses environs. Des passionnés ont relancé cette culture… qui faisait partie de notre culture.
Alors enseignants, avec mon épouse, on a attendu d’être à la retraite pour se lancer dans l’aventure. Il fallait bien conserver une certaine activité !
Crocus sativus
C’est une forme de culture particulière : selon les années, notre production varie de 50 à 300 g. Et il faut 150 fleurs pour avoir 1 g. Je vous laisse faire le calcul ! Le pic a lieu lors de la récolte, en octobre et novembre : il faut cueillir, émonder et sécher dans la foulée… À cette période-là, je vous prie de croire que les journées sont longues… D’autant qu’on fait aussi de l’huile de noix, à la même date… Il faut vraiment être des passionnés ! Mais ce mode opératoire est l’un des critères du cahier des charges que nous avons élaboré, au sein d’une association d’une cinquantaine de producteurs (les autres voulant demeurer indépendants) afin d’obtenir le label rouge et l’IGP (indication géographique protégée). Les démarches sont longues. On évoque un processus d’une dizaine d’années !
Une partie de la récolte est vendue à une coopérative, le surplus, on le commercialise en direct ou sur des marchés de terroir en été, par exemple. On a la chance d’être localisés sur la route qui mène de l’autoroute à Saint-Cirq- Lapopie. Des touristes s’arrêtent volontiers. On leur explique notre passion, et on leur donne quelques recettes pour utiliser au mieux ce vrai trésor qu’est le safran ! Toujours est-il que le Lot a renoué avec une de ses traditions ! »
Dominique Canal et Loïc Ernotte - Maire de Labastide-du-Haut-Mont et éleveur
Bel endroit pour une rencontre…
Mais tout n’était-il pas écrit d’avance ? À la lisière du Cantal, Labastide- du-Haut-Mont n’est pas seulement la commune la moins peuplée du Lot (un peu moins de 50 habitants), le point culminant du département (783 m), c’est aussi un village que traverse le méridien de Paris !
Née dans les Hauts-de-Seine, Dominique Canal accompagne ses parents qui séjournent ici en été. On peut difficilement trouver meilleur dépaysement. À mille lieues de la capitale et de sa périphérie où les tours poussent comme des champignons à l’aube des années 70, à mille lieues du triptyque métro-boulot-dodo, elle tombe amoureuse. « D’un jeune homme du village d’abord, d’un lieu et d’un paysage ensuite, d’un métier enfin… » raconte Dominique. Elle décide donc de faire ici sa vie. « Et je n’ai jamais regretté ce choix, même en hiver, et ils sont parfois bien rudes… ». Épouse d’agriculteur, elle devient agricultrice.
« C’était alors moins compliqué de s’installer et de réussir dans cette voie. J’ai suivi quelques cours, et j’ai appris le reste… sur le tas. À l’époque, on pratiquait encore l’estive avec nos vaches, des Salers. Puis on a aussi élevé des moutons. On a continué, on a arrêté l’estive, nous concentrant sur la production de veaux et d’agneaux élevés sous la mère… ».
Mairie
Dominique vit si bien ce déracinement qu’elle finit par pleinement s’enraciner dans son terroir d’adoption. « En 1995, avec une autre dame du village, je suis sollicitée pour me présenter aux élections. J’accepte. En 2001, nouvelle étape. Je suis élue maire.
J’avais quelque appréhension. Je craignais de ne pouvoir concilier vie de famille et vie professionnelle avec un mandat prenant. Dans les petites communes, on est évidemment en toute première ligne. Mais si la première année fut peut-être délicate, j’ai pu ensuite trouver un équilibre. Je m’attache à être présente lors de permanences régulières en mairie. Je veux être accessible. Pour le reste, hormis la question du déneigement, nos préoccupations sont similaires à bien des localités rurales. Il faut d’abord composer avec des services publics qui sont de moins en moins présents ».
Ici, la solidarité n’est pas un vain mot. Et le déclin démographique est endigué. « Comme ailleurs, des familles qui venaient en vacances ont fini par s’installer de manière durable. Il y a un brassage. Le village vit. Et on a heureusement des commerçants qui font étape pendant leur tournée ! ».
Transmission
Alors, presque logiquement, l’histoire se perpétue. Dominique a décidé de passer la main. Pas à la mairie, non, mais à la ferme. C’est son gendre, Loïc Ernotte, qui a repris les rênes en mai dernier. Un Parisien d’origine bretonne, un menuisier qui réalisait notamment des stands lors de salons ou foires. Il a rencontré une jeune femme de Labastide-du-Haut-Mont, il est tombé amoureux d’elle. Et du village, et du terroir, et du métier d’éleveur.
Au pied de l’émetteur de télé érigé en 1959, de la table d’orientation d’où l’on distingue les puys d’Auvergne, on n’a pas fini de raconter de belles histoires, le soir, en hiver, quand on se réchauffe auprès du cantou, à Labastide-du-Haut-Mont.
Mathieu Rodolosse - Compagnon du tour de France, Pern
Hérédité
« J’ai commencé mon apprentissage à 16 ans. J’étais attiré par la menuiserie. Je savais que le parcours serait sans doute long. Ça peut aller du CAP jusqu’au brevet de maîtrise en passant par le brevet professionnel… Alors que j’étais à la maison des compagnons de Montpellier, j’ai découvert le métier de charpentier. Cela fut immédiatement une passion… J’avais déjà le niveau BP comme menuisier, mais j’ai décidé de recommencer à zéro. J’avais 19 ans. Cela m’est apparu comme une évidence…
Ce fut donc un nouvel itinéraire. Avec des contraintes, car ce n’est pas toujours facile de travailler en entreprise dans la journée et de suivre des cours en soirée et le samedi. Puis de faire étape dans une autre région (moi, ce fut dans les Alpes).
Mais c’est une passion, alors on s’accroche et on prend du plaisir. Ma famille me soutient. Mes amis aussi. Et il y a quelque chose d’héréditaire : mes deux grands-pères étaient charpentiers !
Compagnon
J’aime cette philosophie du compagnonnage. Une complicité s’établit auprès de celui qui nous transmet un savoir-faire que soi-même on transmettra le moment venu. Je m’aperçois que les techniques et les méthodes varient d’une région à l’autre, mais aussi selon les entreprises. Actuellement, je suis chez M. Lafon. Au moins jusqu’en juillet. Je suis rémunéré comme un ouvrier, tout en préparant les échéances (examens). Ça se passe bien, j’ai compris que j’avais là un patron qui désirait partager son expérience.
La suite ? Bah, idéalement, ce serait de m’installer. Dans le Lot, bien sûr. Mais bon, c’est encore loin. Pour l'instant, j’apprends. »
Jean-Claude Taisant - Collectionneur, Mechmont
Déménagements
« J’étais dessinateur au bureau d’études de la Maec. J’y suis resté trente-six ans. Je suis né à Paris en 1937. Durant la guerre, mes parents ont déménagé à Labéraudie près de Cahors, alors en zone libre. En 1956, ils ont construit une maison à Bellevue. J’ai fait l’Algérie et en revenant je me suis marié et fait bâtir une maison à Douelle que j’ai revendue voilà quelques années pour déménager, d’abord à Cahors, et, depuis trois ans à Mechmont.
Collections
C’est vers l’âge de 7-8 ans que j’ai contracté le virus de la collection. J’ai commencé par les timbres, avant de me diversifier dans les cartes postales, les télécartes, les capsules de champagne, les étiquettes de vins de Cahors… Un jour, j’ai rencontré un Belge avec qui j’ai fait un troc. J’ai donc poursuivi par une collection de bagues de cigares. J’en ai eu plus de 100 000 unités que je classais par marque et par thématique sur des feuilles de papier pour en valoriser l’iconographie. J’ai aussi commencé à stocker l’équivalent de 2 m3 de boîtes à cigares. Actuellement, je m’applique à réaliser des brochures destinées à valoriser les collections d’amis. Je suis également responsable de la section de l’union philatélique du Quercy et participe activement à la vie du club. Cela remplit bien mes journées ».
Véronique Gobert - Cantinière de l'école primaire, Dégagnac
Cuisine
« Je fais la cuisine pour les 36 enfants de l’école de Dégagnac, nettoie le réfectoire et mets tout en ordre après le départ des petits. Ce travail valorisant me donne beaucoup de satisfaction. À midi par exemple, je leur ai préparé une galette des rois et leurs grands sourires ont été pour moi la meilleure des récompenses. Originaire de Roubaix, j’ai eu plusieurs métiers après des études de secrétariat. Ensuite, je me suis mariée et j’ai élevé mes quatre enfants. En 1995, j’ai repris un emploi et fait pas mal de remplacements pour le compte de la ville de Roubaix. Après avoir obtenu un CAP en formation continue, j’ai notamment travaillé comme cantinière, travail que j’assure depuis 2010 à l’école maternelle de Dégagnac.
Camping-car
Trois ans plus tôt, je m’étais mise en disponibilité pour suivre mon mari à la retraite qui avait fait construire une maison à Calamane. Mon mari Christian passe beaucoup de temps à bricoler. De mon côté, j’aime jardiner, faire pousser des fleurs. Cela me ressource. Je serai à la retraite à la fin de l’année. Avec Christian, nous avons pour projet de partir à la découverte du Lot en camping-car ».
Fabienne Pégourié - Directrice de banque, Cahors
Cahors-Figeac
Entre Cahors et Figeac, son cœur balance. Fabienne Pégourié est née à Cahors, vit à Figeac depuis près de vingt ans et travaille aujourd’hui… à Cahors. Directrice d’agence bancaire, cette Lotoise de 48 ans assume sa vie « bipolaire » avec un plaisir assumé : elle aime Cahors, elle aime Figeac et aurait bien du mal à se passer de l’une et de l’autre, même si son ancrage est aujourd’hui très marqué à Figeac. « Mon conjoint travaille à Ratier Figeac, mes enfants, 23, 19 et 11 ans ont passé leur enfance à Figeac et ont leurs activités également à Figeac. J’apprécie cette vie : à Cahors le versant professionnel, à Figeac le versant familial.
Développement
Vivre dans ce département est un privilège, un confort. Nous avons tout ce qu’il faut pour avoir une vie riche, avec des relations humaines de qualité. Les gens se connaissent, c’est un luxe. Et puis sur le plan culturel, il se passe beaucoup de choses. L’offre est très variée. Il en est de même pour la vie associative : rien ne manque. Pour ma part, je pratique la gym, le flamenco, la natation ». Ce sentiment de bien-être trouve son prolongement au travail : « J’aime la relation avec la clientèle. Nous faisons un travail de proximité. C’est très agréable et c’est très sain parce que les relations sont sincères avec les clients. Même de façon modeste, je me sens actrice du développement de ce territoire que j’aime ».
Patrice Valy - Facteur, Lalbenque
Les gens
Voilà plus de trente ans qu’il est entré dans la grande maison. En 1984, le Breton Patrice Valy passe le concours des PTT, comme on disait alors. Avec succès. Le voilà nommé gare de Lyon, à Paris, affecté au tri du courrier embarqué sur le PLM (Paris-Lyon-Méditerranée). 1988, changement de cap.
« J’avais envie de voir des gens, d’être en contact avec le public. » Il devient facteur à Créteil. Il y reste quatre ans. Avant de demander sa mutation en région Midi-Pyrénées.
« Je suis tombé amoureux d’une Lotoise avant de tomber amoureux du Lot… » Mais il passe d’abord par le Tarn-et-Garonne avant d’être affecté à Lalbenque en 2004. Comme titulaire « remplaçant ». « C’est un choix. D’une tournée à l’autre, cela évite la routine tout en ayant des repères. Et bien sûr en restant au plus près des usagers. Le secteur comprend des zones très rurales comme de l’habitat péri-urbain. C’est varié. »
Et Patrice peut entretenir ce qui fait le charme de ce métier : « On distribue le courrier, certes, mais pas seulement. Il y a le contact… Il y a des échanges, des petits moments de confidence. Pour une grande partie de la population, le facteur demeure quelqu’un de confiance. » Au fil du temps se nouent des liens. Avec des bons souvenirs, comme cette année où au terme de la vente du calendrier, « ému par la générosité des gens, j’ai effectué la tournée du 24 décembre en costume de père Noël et j’ai glissé dans les boîtes des petits chocolats… »
Les moulins
Des anecdotes et une philosophie, « le souci de l’humain et du service public », qui permettent à Patrice de tenir bon malgré l’évolution du métier. « Le volume du courrier entre particuliers a fortement chuté. Mais on doit composer avec davantage de colis qui ne sont plus normalisés. C’est le commerce en ligne ! Parfois, il faut retourner le paquet dans tous les sens pour enfin apercevoir un nom et une adresse. Tout le reste est en anglais et en chinois ! Tout cela prend un temps fou avant de commencer la tournée. »
Alors Patrice fait front, lui aussi, mais à sa manière. L’engagement syndical (Sud PTT) d’un côté, associatif de l’autre. Dans son Lot d’adoption dont le climat et les paysages ont vite conquis l’enfant du golfe du Morbihan, de nouvelles passions l’ont capté. « Le hasard a fait que l’on s’est installé à proximité d’un moulin. J’ai vite été fasciné. Par ce pan du patrimoine comme par l’énergie « propre » en général. Avec les Moulins du Quercy à Cajarc et le petit musée de la Planète des Moulins à Luzech, j’anime notamment des ateliers pédagogiques… »
Décidément, Patrice est de ces facteurs qui ne connaissent pas seulement leur département par les noms de rues et les codes postaux ! Son métier est ancré dans son ADN: « Il n’y aurait pas mieux pour un sociologue désireux de connaître vraiment le monde d’aujourd’hui que de faire un stage. On rencontre tant de gens de tant de milieux différents… »
Raymond Pech - Garde-chasse, Saillac
Régulation
« Originaire du Tarn-et-Garonne, j’ai commencé à travailler à 13 ans, comme apprenti maçon. Une dizaine d’années plus tard, je suis entré dans la gendarmerie dans la banlieue de Lyon. J’y suis resté trente et un ans avant de prendre ma retraite au grade d’adjudant-chef. Aujourd’hui, j’ai 68 ans. Ma passion pour la chasse m’a fait prendre voilà quatre ans, un poste bénévole de garde-chasse militaire au camp de Caylus (82). J’assure avec passion cette fonction à Beauregard et Saillac. Mon travail consiste à réguler le gros gibier pour prévenir les dégâts sur le pourtour du terrain militaire qui compte quelque 5 400 ha. Je réalise des patrouilles, répare les miradors et nourris les sangliers pour les circonscrire sur la zone. Un peu comme dans la chanson de Michel Delpech, j’aime me promener dans la nature, admirer mes chiens courir avant de faire un bel arrêt. J’apprécie le gibier à plumes, mais ne dédaigne pas pour autant le gros gibier comme le sanglier. Les chasseurs lotois sont fort sympathiques et je me suis lié d’amitié avec bon nombre de sociétés de chasse des environs. L’état d’esprit est bon… ».
Cédric Bapst-Brocard - Association "Au fil des cimes", Saint-Projet
Cimes
Avez-vous déjà voyagé dans un arbre ? Pour le découvrir comme un support vivant, apprendre à le connaître, à le protéger, lui et le système dans lequel il s’intègre ? C’est ce que proposent Cédric Bapst-Brocard et son association « Au fil des cimes ». De la grimpe d’arbre, oui, mais pas n’importe laquelle : « nos installations sont éphémères et démontables » explique-t-il.
Un principe qui ouvre le champ des possibles en termes d’activités : initiation à la grimpe, atelier nature et environnement, bivouac mais aussi spectacles. Demandez à Cédric, il vous dira si c’est réalisable : « les possibilités sont nombreuses, mais toujours dans le respect des arbres. Les activités sont accessibles à tous et à tout âge ». Notamment aux personnes en situation de handicap. Cédric, qui est éducateur spécialisé de formation, explique sa démarche : « il existe trop peu d’activités pour ce public ; j’ai déjà fait grimper des personnes en fauteuils, sourdes et malentendantes ou encore non voyantes. »
Il sillonne toute la France pour faire découvrir sa passion : « ce sont essentiellement des associations qui portent l’activité, c’est un petit réseau, une petite famille répartie aux quatre coins de la France. »
C’est l’envie de partager qui anime Cédric, en perpétuelle recherche de nouveaux sites : « j’aime apprendre et enrichir le panel d’activités. J’ai plein de projets en tête pour faire découvrir le Lot qui est riche et où il y a plein de choses à découvrir ». Car ce Lotois d’origine sait que le département a encore beaucoup à offrir.
Pour s’initier : rendez-vous le 2 avril 2017 pour une journée famille organisée par le parc naturel régional des Causses du Quercy au Parc animalier de Gramat.
Dominique Chaumet - Retraité de l'ESAT de Boissor, Luzech
Servir le café
Dominique est un jeune retraité de l’ESAT de Boissor : "J’ai 60 ans tout rond, j’ai travaillé à l’imprimerie, jusqu’en mai dernier. J’ai quasiment fait toute ma carrière là-bas, j’ai commencé en 1971, j’ai vu du monde passer !". Un lien inconditionnel existe entre lui et la structure. Il y retourne fréquemment : "Deux fois par semaine, j’aide à servir le café. Parfois je vais à l’atelier, mais je ne les dérange pas ! Le service d’accompagnement à la vie sociale m’aide si j’ai un besoin, les éducatrices sont très bien".
Sport
C’est aussi à Boissor qu’il a développé son appétit pour le sport : « Quand j’étais jeune, je n’étais pas très doué puis je m’y suis mis. Avec notre petite équipe de foot, nous avons participé au championnat de France de foot adapté, on a perdu en finale au penalty ! ». Précédemment joueur en vétéran, aujourd’hui bénévole et supporter du PSV d’Olt, il en parle avec ferveur : « C’est important, c’est le seul club du Lot en division honneur ». Adepte de trails, Dominique a participé à quatre marathons du Médoc : « ça demande de la préparation et un entraînement régulier ; pour le prochain, je vais me concentrer sur les 10 km ». Bien entendu, il participe aussi aux nombreuses courses des environs : « Vignes et Châteaux, Saint-Vincent-Rive-d’Olt, Luzathlon, Montathlon, Ekiden aussi qui est une belle fête, et la course du Facteur. C’est un moyen de se maintenir en bonne santé. Mon docteur disait du sport : faut pas en abuser mais faut en faire quand même ! ». Né à Cahors, Dominique se sent particulièrement bien ici : « Le Lot est une belle région, tout me plaît, il y a tout pour satisfaire les vacanciers et les habitants. Je n’aime pas quand c’est plat, j’aime les collines et le relief ».
Pierre Conquet - Résident à l'EHPAD d'Arcambal
Chez moi
« Le Lot, c’est chez moi. Je n’y suis pas né mais c’est tout comme. J’ai vu le jour en avril et dès juillet, j’étais ici ». Dans le parcours d’une vie, il y a quelques fois un fil rouge. Celui de Pierre Conquet, c’est Arcambal. Sa famille a donné deux maires à la commune. « Mon grand-père a son nom sur le monument aux morts. Mon père était d’ici, on y venait pendant toutes nos vacances, mes parents se plaisaient, c’était de vraies réunions de famille, je ne vous dis pas l’ambiance… J’avais un oncle aussi que je ne quittais pas, je le suivais partout et quand il avait quelques heures de loisirs, on allait à la pêche ; lui péchait à la volante, et moi je manœuvrais le bateau ». Des souvenirs d’enfance dans le Lot, Pierre en a beaucoup. Il en a aussi de Paris où il a grandi.
Allers et retours
Le rêve de Pierre, c’était de devenir joueur de foot mais il a finalement emprunté la voie du dessin industriel. Il intègre une tuilerie-briqueterie, puis effectue son service militaire à Dijon ; en revenant, il est nommé ingénieur. Pierre travaille ensuite pour une fabrique de fours industriels pendant vingt ans. Et un jour, il prend une décision radicale : « Mon père était malade, j’avais 56 ans ; j’ai décidé de donner ma démission et j’ai vendu la maison le jour même, c’était farfelu mais c’était comme ça. Direction Arcambal. Nous avons acheté une maison avec ma femme, une maison du bonheur. On a vécu tranquillement pendant huit ans. Ma femme est décédée en 1999 d’un cancer. J’ai entretenu la maison pendant un an et j’ai vendu. Je suis parti à Royan, j’ai acheté un bien et j’ai tout fait refaire ! Et au bout d’un an et demi, ma cousine m’appelle pour me vendre la maison de mes grands-parents à Arcambal. Je m’ennuyais à Royan donc rebelote ! ». Pierre reste douze ans dans cette demeure familiale, puis touché par la maladie, il décide de s’installer à l’EHPAD, il y a quelques mois : « je suis bien ici, tout me plaît, le personnel est charmant et attentionné. Toujours le sourire, toujours un mot aimable alors que ce n’est pas un travail facile ! C’est admirable. J’ai réappris le tarot ; 60 ans que je n’avais pas joué ! Je marche 45 minutes le matin et l’après-midi quand il fait beau, je vais à Vers, jouer à la pétanque avec des copains ; et s'il pleut c'est la belote ».
Johanna Arvis - Ligue contre le cancer, Labastide-Marnhac
Engagement
« Faire quelque chose de joli avec la pire histoire de sa vie » : Johanna Arvis exprime ainsi l’ampleur de son engagement. Un engagement dont l’origine est son propre combat contre la maladie : « j’ai eu deux cancers du sein, à 27 et 30 ans. Quand on m’a diagnostiquée, j’ai vu à quel point c’est compliqué, ça m’a donné envie de m’investir ». Outre son activité au sein du comité départemental de la Ligue contre le cancer, Johanna est membre du comité scientifique et stratégique en cancer du sein (qui mène une réflexion sur les essais cliniques) et du comité d’évaluation de projets pilotes permettant de prendre en charge en chirurgie ambulatoire les patients atteints du cancer. Elle fait aussi partie du comité de patients pour la recherche clinique à la Ligue nationale contre le cancer : elle relit, corrige et améliore les protocoles d’essais cliniques en cancérologie pour les rendre intelligibles aux patients. Depuis peu, elle apporte aussi sa contribution au projet d’une chercheuse d’Harvard qui étudie l’an- ticipation des fatigues sévères chez les femmes traitées pour un cancer du sein.
« Je prends énormément de plaisir à faire ça. Je participe au développement d’actions locales très ciblées et en même temps à des actions sur le plan national. C’est un engagement qui me semble normal, être utile aux autres ».
La Ligue contre le cancer est présente dans le Lot à Cahors, Figeac et Gourdon : « Nous mettons à disposition gratuitement des séances avec psychologues, nutritionnistes, sophrologues, esthéticiennes, nous proposons de l’activité physique adaptée… Les personnes n’ont pas forcément le réflexe de nous appeler, ce que je comprends. Il n’y a aucune honte à demander de l’aide à certains moments. On est plus fort à plusieurs et chacun doit pouvoir bénéficier de ce qu'offrent les associations ».
Exposition-vente
« 100 artistes et créateurs du Lot se liguent contre le cancer » au profit de la recherche, du 22 avril au 6 mai 2017 à la chapelle du foyer Lamourous à Cahors. Si vous êtes artiste ou créateur, ou que vous voulez apporter votre pierre à cette jolie initiative en tant que bénévole : www.expoligue46.com
Cécile Balayssac - Coiffeuse itinérante, Alvignac
Itinérance
Le lundi à Saint-Laurent-les-Tours, le mardi à Meyronne, le jeudi à Rocamadour, le vendredi au Bourg (Lacapelle-Marival), le samedi à Rignac. Basée elle-même à Alvignac, Cécile Balayssac sillonne toute la semaine le département pour stationner son camion ici sur la place du village, là sur le parking d’une zone commerciale. Mais ce n’est pas un camion comme les autres : il a été aménagé en salon de coiffure ambulant. « C’est un ancien véhicule de la médecine du travail qui avait été transformé en loge pour suivre les tournages de séries télé. Je l’ai trouvé sur Internet. J’ai conservé quelques équipements (notamment le circuit et les cuves à eau), mais j’ai relooké l’espace intérieur. »
Cécile Balayssac avait déjà travaillé en salon, à Brive puis à Toulouse. Après trois ans à Mayotte où elle avait rejoint son mari enseignant, de retour dans le Lot, elle a souhaité reprendre son activité. « Mais différemment. Je ne me voyais pas être enfermée dans un salon… Ni travailler à domicile. Il y a des coupes et services qui sont impossibles à réaliser et la clientèle est très ciblée… » Alors elle a cherché et a trouvé ce concept. « J’ai vu qu’il existait déjà des campings-cars transformés, mais un camion, je crois que c’est une première ! À tel point que j’ai déjà reçu une quinzaine d’appels de personnes intéressées et qui pourraient m’imiter. Le Lot est pionnier sur ce créneau ! »
Facilité
Le préalable du permis poids-lourd passé (sans difficulté), Cécile s’est lancée en mars 2016. « Les premiers temps, les gens sont venus par curiosité. Puis une clientèle fidèle s’est constituée. Une majorité de femmes (mais donc des messieurs, aussi !), de toutes générations. Ils apprécient pour certains la facilité de stationnement, d’autres une proximité alors qu’il faudrait faire quelques kilomètres supplémentaires pour trouver un salon et le fait que je propose également des soins esthétiques. »
Sur un secteur somme toute assez large, Cécile a donc… trouvé sa voie. « Même si cela impose une logistique particulière. En hiver, outre l’état des routes s’il neige, je dois vidanger mes cuves pour éviter le gel dans la nuit ! Mais au bout du compte, les résultats sont là. Je suis contente.»
Serge Rigal - Président du Département du Lot
N° 100
Le Lot, c’est vous, c’est moi, c’est nous tous. Pour ce 100ème numéro de Contact lotois, mis ici en ligne, le Département a décidé de mettre l’accent sur ce qui fait la chair de ce territoire auquel nous sommes tous fortement attachés.
Ce magazine exceptionnel reflète le Lot, dans sa diversité, ses contrastes, son harmonie, ses sensibilités, son intelligence, ses talents, ses sourires. Portrait après portrait, vous vous abreuverez à la source d’un Lot vivant, dynamique, ouvert et attaché à des valeurs fortes. Vous mesurerez sans doute plus encore combien les Lotois sont beaux dans leur quotidien. Chaque histoire est singulièrement riche et nous encourage, nous élus, à donner le meilleur de nous-mêmes pour favoriser un développement harmonieux de ce territoire.
Clément Bedos - Footballeur au TFC, Cahors
TFC
C’est à 13 ans, un âge où l’on n’imagine pas encore vraiment son avenir, que Clément a quitté le cocon familial pour rejoindre le Toulouse Football Club : « Après un entraînement à Cahors, j’ai reçu un courrier expliquant que j’étais sélectionné parmi une trentaine de joueurs. Le directeur du TFC est venu manger à la maison, c’est comme ça que ça a commencé. Par la suite, j’ai intégré une préformation pendant deux ans et puis j’ai poursuivi mon parcours au TFC. Au départ, c’était un hasard et de fil en aiguille, c’est devenu un objectif. Si je peux vivre de ma passion, c’est la meilleure chose qui puisse m’arriver. C’était dur pour mes parents mais ils m’ont encouragé et ont été à 100 % derrière moi ».
Ballon rond
Sa passion du foot, Clément ne l’explique pas : « Quand j’étais petit, mon père, rugbyman, m’emmenait aux entraînements, je savais déjà que pour moi le ballon rond était mieux que l’ovale. Quand je vois un ballon de foot, j’ai tout le temps envie de taper dedans, c’est comme ça. »
Les journées de Clément sont partagées entre foot et lycée. Une vie assez peu ordinaire pour un garçon de 18 ans. C’est avec la tête sur les épaules et conscient des sacrifices que Clément regarde vers l’avenir : « dans ce genre de formation, il faut savoir ce qu’on veut, se remettre en question, avoir une bonne hygiène de vie. C’est un monde où il y a beaucoup de concurrence. Mon prochain objectif, c’est de signer pro et d’avoir une longue carrière. Et bien sûr d’avoir le bac, c’est important quand même ! ».
Isabelle Simonet - Commerçante, Gagnac-sur-Cère
Grande distribution
« Originaire de Beaulieu-sur-Dordogne, en Corrèze, désormais établie à Saint-Laurent-les-Tours, mon itinéraire professionnel m’a notamment conduite à travailler durant 17 ans dans le secteur de la grande distribution. Mais j’avais envie d’autre chose, de me lancer dans une nouvelle aventure… » C’est dire que le changement a été radical quand, en 2012, Isabelle Simonet est choisie par la mairie de Gagnac qui avait émis un appel d’offres pour prendre en charge l’agence postale. La municipalité souhaitait qu’il y ait aussi une ou des activités en sus. Elle n’a pas été déçue… « Il y avait de l’espace, puisque le local avait connu plusieurs épiceries. J’ai suggéré, en plus de l’agence postale qui ferme à 13 heures, d’aménager un coin bibliothèque (jusqu’alors les livres étaient stockés en mairie), un salon de thé-café, mais encore un espace avec deux ordinateurs et des connexions wifi, un dépôt de presse et de pain, sans oublier de l’alimentaire (des conserves, essentiellement, pour le dépannage) et un dépôt-vente de vêtements et jouets pour enfants… »
Lien social
Un inventaire à la Prévert qui a très vite séduit la population. Toutes générations confondues. Baptisé « La Fringue-Halle lotoise », ce commerce et point-services hors normes est aussi un vecteur de lien social. « Évidemment, c’est un autre rythme que dans les grandes surfaces… On prend le temps de discuter, les gens viennent pour retirer de l’argent ou acheter des timbres et en profitent pour boire un café ou emprunter un livre… Je n’ai aucun regret. Je ne fais pas fortune, mais c’est très enrichissant sur le plan humain. »
Et au gré des saisons, la clientèle varie. En été, les résidents anglo-saxons reviennent en nombre. Le village, pour sa part, a conservé un lieu de vie qui contribue à son attractivité : parmi les habitués, on compte désormais des habitants des communes voisines. Alors que « La Fringue-Halle » fête ses cinq ans, voilà un exemple de réussite pour pérenniser la vitalité d’un territoire. « Une si belle région… Cela valait bien le coup d’essayer ! » se réjouit Isabelle.
Jacques et Jérôme Balitrand - Atelier mécanique, St-Paul-Flaugnac
Jacques
C’est à Saint-Paul-de-Loubressac, que l’entreprise Balitrand a pris ses quartiers, il y a maintenant 40 ans.
Un lieu tranquille, à deux pas de l’autoroute où l’entreprise se développe en toute quiétude. Fraiseur de métier, Jacques Balitrand, le fondateur, se souvient : « Dans ces années-là, si on travaillait bien, on pouvait gagner sa vie. Je me suis donc installé ici car c’est chez moi. J’ai d’abord créé l’atelier, puis ma maison à deux pas. Jérôme, mon fils, a voulu rester donc on a continué et on s’est développé ». Aujourd’hui, 95 % de la production de la petite entreprise est destinée à l’aéronautique. Une opportunité pour les Balitrand : « L’aéro a besoin de pièces tous les mois. La production d’avion a évolué et notre activité aussi. Nous avons créé de nouvelles pièces pour l’A350. Cela nécessite d’être sérieux et représente des investissements dans les machines et matériaux pour répondre à la demande » explique Jacques, le papa.
Jérôme
Jérôme, qui travaille depuis vingt ans dans l’entreprise familiale, partage avec enthousiasme son activité : « À partir d’un fichier 3D ou d’un plan fourni par le client, on crée le programme informa- tique qui permet de réaliser la pièce. Cela peut prendre de 10 minutes à 4 heures. Ensuite, réglage, usinage… on fabrique la pièce de A à Z. C’est l’avantage d’une entreprise comme la nôtre, c’est varié ! Et les nouvelles pièces représentent un challenge. Ici, on ne voit pas la journée passer, on a plaisir à travailler ». Garants d’une proximité, qui est l’ADN de leur entreprise, les Balitrand effectuent même la livraison auprès de leur dizaine de clients ! Une belle aventure familiale qui va se poursuivre avec Jérôme, le fils, qui souhaite que l’entreprise poursuive son développement tranquille. Chez lui.
Jacques Montal - Chef de gare, Assier
Chemin de fer
Le vocabulaire a changé, certes. « On ne dit plus officiellement chef de gare, mais responsable. Bah… Ça revient au même. Les gens m’appellent toujours ainsi ! »
Sa passion pour ce métier, elle, est restée intacte. « Parler de vocation, peut-être pas. Mais j’avais de la famille à la SNCF, alors… Un concours à Toulouse, et j’ai intégré la grande maison. En 1977. Bientôt 40 ans. Je ne suis plus loin de la retraite, mais j’ai gardé le goût du métier. Et du service public en général. »
Jacques Montal a fait toute sa carrière au pays. « Son » pays. Capdenac, Rocamadour-Padirac puis Assier.
Il a connu les grandes heures du chemin de fer. À Rocamadour. Ses meilleurs souvenirs datent de cette époque. « Quand on sait que plus 2 millions de personnes visitent ce site, on devine qu’une bonne partie venait en train. Mais ce qu’ignoraient pas mal de voyageurs, surtout étrangers, c’est que la gare est à 4 km du village… Mais à l’époque (avant les années 2000), on assurait la location de vélos. C’était quelque chose ! Tous ne nous ont pas été rendus, ou alors pour certains, dans un drôle d’état ! Mais ce qui était formidable, c’est que comme employé SNCF, on faisait fonction aussi d’annexe de l’office de tourisme. On répondait volontiers aux questions : je dirigeais les gens vers les lieux à visiter, les hébergements… Depuis, le train s’arrête toujours à Rocamadour. Mais c’est une gare sans personnel. »
Défendre tous les services
Alors Jacques Montal, nommé à Assier, s’est au fil du temps engagé pour préserver le service public. Comme cheminot (il milite à la CGT), comme citoyen (au sein de l’association des usagers pour la défense de la gare d’Assier : « qui a du reste vocation à défendre tous les services… », précise-t-il).
« Si beaucoup de familles sont restées ou sont même venues s’installer sur ce territoire, c’est parce qu’il était bien desservi par le rail, qu’il y avait une présence de la Poste, des écoles et des classes en nombre. Alors, quand un de ces services recule, c’est toujours un risque : celui que les habitants se lassent et s’en aillent. »
À Assier, Jacques ressent que ce combat est partagé. « Je constate toujours que, délibérément, des usagers préfèrent acheter leur billet en gare. C’est une façon de marquer leur attachement. »
Actuellement, c’est la pérennité du Rodez-Paris via Brive de nuit qui le préoccupe. « S’il est suspendu deux à trois ans pour cause de travaux sur la ligne POLT, les habitudes vont évoluer, les usagers vont trouver des alternatives, on ne le reverra plus. Et l’enjeu est énorme. »
Charles Soubeyran - Bénévole du festival de la BD, Martel
Bande dessinée
« Je fréquentais Martel depuis une vingtaine d’années quand j’ai décidé de m’y installer il y a dix ans. Mes racines sont cévenoles et vendéennes ; au fond, le Lot est à mi- chemin…
Chercheur indépendant en histoire de l’art, intéressé particulièrement par l’art populaire, parallèlement à mon activité professionnelle (dans un secteur complètement différent puisque je travaillais à la Sécurité sociale !), j’ai toujours apprécié la bande dessinée… Quelque temps après mon arrivée, les dirigeants du festival m’ont sollicité pour les rejoindre. J’ai dit oui… Nous sommes une équipe d’une douzaine de bénévoles. Et 2017 va être une année particulière : ce sera cet été la 25e édition du festival de la BD de Martel !
Le rendez-vous a désormais une certaine renommée. En 2016, l’exposition a été fréquentée par 2 000 visiteurs et le festival lui-même, sous la halle, a réuni 3 000 à 4 000 personnes. L’événement participe pleinement à la vitalité du territoire, et outre les bénévoles, c’est un temps fort pour toute la commune qui se mobilise pour sa réussite.
Réseau
Pour le programme, on travaille en réseau. J’ai quelques liens avec l’un des organisateurs du festival d’Angoulême, cela facilite un peu les choses. Et au fil du temps, dans le milieu de la BD, Martel a acquis une bonne réputation. Reste que l’essentiel de notre budget est alloué aux frais de déplacement et d’hébergement des auteurs et dessinateurs. Et nous essayons toujours d’avoir une ou deux têtes d’affiche.
Après le drame de Charlie Hebdo, en 2015, nous avions consacré une expo au dessin de presse et à la liberté d’expression. Nous allons essayer de cultiver ce créneau. Mais aussi, désormais, de faire en sorte qu’au-delà du festival lui-même, il y ait une sorte de fil rouge autour de la BD, toute l’année, à Martel. Cela va passer notamment par des ateliers auprès du public scolaire.
Pour la 25e édition, cet été, nous sommes déjà assurés de la présence d’Hermann, qui a été sacré à Angoulême en 2016 pour l’ensemble de sa carrière. Il y aura également une exposition spéciale : « Martel vue par la BD… ». Figurez-vous en effet que plusieurs auteurs et dessinateurs passés par le festival ont ensuite évoqué Martel et le Lot dans un de leurs albums ! ».
Clara Baron - Bergère, Vire-sur-Lot
Vocation
« J’ai toujours voulu m’installer et avoir mon propre troupeau » explique Clara Baron, jeune bergère. Une vocation survenue assez tôt : « je suis issue du milieu rural mais pas agricole, c’est un peu en voyant ce que faisaient mes voisins que ça a développé mon envie. » Après un bac pro agricole à La Vinadie à Figeac, elle a travaillé chez plusieurs exploitants, s’est installée en GAEC et est maintenant salariée de l’association Transhumance en Quercy. « Je gère 700 agnelles, réparties sur quatre communes appartenant à six propriétaires du causse. J’en possède moi-même une centaine. Mon quotidien, c’est la surveillance du troupeau, le montage et le démontage des clôtures tous les deux-trois jours ». Une activité importante que Clara réalise toute seule : « j’aime le contact avec les animaux, être dehors et le travail avec les chiens. Je pense que pour faire ce métier, il faut être passionné ». Originaire de Cahors, elle conçoit le Lot comme un endroit adapté à son métier : « la brebis a toute sa place ici. En même temps, c’est un territoire où beaucoup de choses se font, on expérimente ». Forte de sa passion et de sa jeunesse, Clara a de nombreux projets dont celui de s’installer avec des brebis du côté de Mauroux.
Elisabeth Chapel - Apicultrice, Gourdon
Ferme
« Originaire de la Hollande, j’ai suivi des études de sociologie avant de partir voyager et de rencontrer mon mari Olivier, alors contrôleur aérien en Afrique. Nous sommes revenus vivre en France, d’abord en Bretagne, puis en Corse, avant de concrétiser notre projet de vie actuelle. Nous recherchions un lieu protégé en Midi-Pyrénées pour devenir apiculteurs. Après avoir un temps hésité entre le Lot et l’Ariège, nous avons finalement eu un coup de cœur pour la ferme, entourée de 17 ha de prés et de bois, que nous avons fini par acheter près de Gourdon.
Douce abeille
Nous avons créé notre société d’apiculture en 2012 et l’avons baptisée “La douce abeille”. Aux abords immédiats de notre propriété, nous créons des colonies que nous mettons en production un peu partout dans le Lot. Pour notre première année d’activité, nous avons récolté 3 tonnes de miel, contre 8 tonnes cette année, que nous commercialisons dans des magasins locaux. Nous étudions actuellement la possibilité d’une conversion de notre production pour être labellisée bio. J’adore le Lot, son environnement boisé, ses paysages vallonnés, l’architecture de ses villages. On y retrouve beaucoup de gens venus d’ailleurs. Du coup on se sent très vite intégré ».
Yann Lesellier - Blogueur passionné, Saint-Jean-Mirabel
15 000 vues
Yann Lesellier n’est pas originaire du Lot, mais il sillonne pour son plaisir le département depuis une bonne quinzaine d’années. « Le Lot, passion. Mes grands-parents vivaient à Gramat et je passais tous les étés chez eux. Et j’ai tout de suite adoré le coin. Dès que j’ai ir travailler ici, je n’ai pas hésité à déménager de la région parisienne ». Il réside aujourd’hui à Saint-Jean-Mirabel, près de Figeac, et travaille en tant que prévisionniste pour l’entreprise Raynal & Roquelaure, basée à Capdenac-Gare à la frontière aveyronnaise, sourit-il. Car il est devenu un véritable ambassadeur de son département d’adoption. Depuis quatre ans, il alimente un blog personnel www.lot-46.com. Environ 4 000 internautes visitent son site chaque mois, avec des pics à 15 000 vues durant l’été.
12 000 photos
« L’idée est de mettre en valeur le département sur Internet, donner envie de venir. Plus il y aura de la pub sur le Lot, mieux ce sera ». Alors son temps libre, il le consacre au Lot : photos, vidéos, articles en ligne… Chaque été, il engrange ainsi des photos très ensoleillées qu’il publie ensuite tout au long de l’année. Patrimoine, activités, terroir sont ses thématiques de prédilection. « J’ai déjà photographié les trois quarts des communes », explique-t-il. Il possède ainsi 12 000 photos en grande partie partagées sur le site Flickr. Car en plus de son blog, Yann Lesellier est très actif sur les réseaux sociaux. Il fait la promo du Lot sur Facebook, sur Youtube (avec notamment des vidéos de ran- données virtuelles), sur Instagram (avec la publication, chaque jour, de trois photos d’une commune lotoise)…
« Ici, le patrimoine n’est pas altéré par une urbanisation sauvage. C’est comme si le temps s’était arrêté. Mes endroits préférés, ce sont le causse central et la vallée du Célé. Mais à force de traverser le département, on se rend compte de la multitude de paysages qui le compose ». Dans le Lot, pas besoin d’aller très loin pour voyager !
Guillaume Foussat - Vendeur en recherche d'emploi, Flaugnac
Rester
Il aime le Lot, il y est né et il compte bien y rester pour y travailler. Mais Guillaume Foussat cherche un emploi, dans la vente, son domaine de prédilection depuis qu’il a décroché son bac professionnel. « Je suis originaire de Flaugnac, j’ai suivi toute ma scolarité dans le Lot et passé mon bac à Caussade, dans le Tarn-et-Garonne », résume-t-il. Ensuite, il a effectué quelques stages dans des grandes surfaces de Cahors mais qui n’ont pas débouché sur un CDI.
Contrat
Récemment, il a participé à Cahors à un atelier au sein de l’association RETR (réseau d’entraide et de relation de Terre-Rouge) pour l’aider à présenter sa candidature (CV, photo…). Nul doute que cela l’aidera à décrocher un contrat. Comme peut-être ces quelques lignes dans ce magazine.
Djamila Aïchouba - Gérante de Camping, Vayrac
Changer
Djamila Aichouba qui rêvait petite d’être guide touristique réalise un peu son rêve à chaque saison : « orienter les gens, leur faire découvrir les bonnes adresses et les endroits sympa, c’est ce que je préfère ».
C’est l’envie de changer de vie qui a décidé Djamila et son compagnon Gilles Liard à reprendre le camping Les Granges à Vayrac : « nous avions envie de quitter la région parisienne et on savait qu’il fallait changer de travail pour être sûrs de pouvoir vivre dans une région qui nous plaise ». Une prise de risque pour le couple qui passait des vacances familiales en Dordogne avant leur installation : « On a eu de la chance, on ne s’est pas trompés, on a découvert un métier qui nous plaît. On est partis confiants et on ne s’est pas beaucoup posé de questions en réalité ».
Esprit Lot
Désormais, ça fait quinze ans qu’ils gèrent ce camping « familial et à taille humaine ». « Nous ne sommes pas à la recherche d’une rentabilité absolue. L’important c’est que les gens réussissent leurs vacances, qu’ils se sentent bien et nous aussi ». Le couple a d’ailleurs rejoint le label « Esprit Lot » en 2016 : « la qualité de notre structure c’est l’espace et le contact humain, c’est ce qu’on cherchait. Esprit Lot c’est vraiment ça, le partage, l’accueil qui correspond à ce qu’on est ».
80 % de la clientèle du camping est française, il y a aussi beaucoup d’Anglais, d’Allemands, de Hollandais et de Belges francophones. « On a beaucoup d’habitués, on a trois générations qui viennent. Ici, c’est très convivial, tout le monde se dit bonjour. Même nos salariés saisonniers sont des habitués, des enfants de campeurs. En partant, nos clients réservent pour l’année d’après et les saisonniers postulent eux aussi pour l'année suivante ! ».
Jordan Esgalhado - Apprenti, Espère
Formation
« Après une scolarité un peu difficile, je suis entré à l’école des métiers du Lot en CAP maçonnerie. J’avais à cœur de montrer ce dont j’étais capable et j’ai décroché mon diplôme avant de m’engager pour deux ans dans l’armée de Terre. Revenu dans le cursus de la plomberie en 2011, j’ai intégré à Cahors le CAP d’installateur, puis le CAP thermique et, en suivant, la mention complémentaire en équipement thermique individuel ». En 2e année de CAP, Jordan Esgalhado a obtenu la médaille d’or départementale et la médaille d’argent régionale au concours « Un des meilleurs apprentis », une médaille d’or départementale et régionale en CAP thermique, ainsi que le Grand prix de l’apprentissage de la région qui récompense les meilleurs apprentis pour leur travail et leur comportement.
Génie thermique
« Aujourd’hui, à 24 ans, je suis en 2e année de brevet professionnel de monteur en installation de génie climatique et sanitaire, en alternance chez l’artisan Bernard Alazard à Pradines. Par la suite, je compte partir sur Perpignan parfaire ma formation via un BTS en fluide énergie domotique. En fait, je souhaite me former au maximum avant d’intégrer un bureau d’études comme maître d’œuvre. Si l’opportunité se présente, je reviendrai travailler dans le Lot, car je suis très attaché à ma terre ».
Kilyann Audegond - Footballeur Espoir, Promilhanes
Attaquant
« Je pense à Luis Suarez, l’attaquant de Barcelone. J’aime son côté accrocheur, en plus évidemment de ses qualités de buteur… ». Quand on lui demande quel joueur de haut niveau il admire, Kilyann n’hésite pas. Mais si on le pousse dans ses retranchements en sollicitant le nom d’un footballeur tricolore, il est plus dubitatif. Avant de citer Griezmann. « Mais il n’est peut-être pas assez tranchant dans les duels… ». Alors que visiblement, Kilyann, lui, il n’a pas peur d’aller au contact. Et d’aller droit devant, d’une manière générale. La trajectoire de l’adolescent qui vient de fêter ses 15 ans en est l’illustration. « J’ai commencé à jouer au foot alors que j’avais 5 ans. Mais j’en avais 6 quand j’ai vraiment signé ma première licence en débutants. C’était à Limogne, près de chez moi. Et je me souviens que j’étais déjà attaquant… ».
Puis Kilyann fait étape au FC Cahors en U12 et enfile le maillot du PSV d’Olt en U13.
Bien encadré par ses parents, repéré, encouragé et conseillé par ses entraîneurs successifs qui ont vite décelé un riche potentiel chez cet enfant déterminé, Kilyann effectue au printemps 2015 un « crochet » en forme de passe décisive… « J’ai participé alors à plusieurs journées de détection, et enfin à un stage de trois jours à Castelmaurou. À l’issue, 17 joueurs ont été retenus. J’en faisais partie… ».
Résultats
Castelmaurou, en périphérie toulousaine, abrite le siège de la ligue régionale de football mais aussi son pôle Espoir. Une structure de pré-formation destinée aux meilleurs jeunes footballeurs qui a valeur de tremplin avant de rejoindre le giron d’un club professionnel. Autant dire qu’à la rentrée scolaire 2015, le quotidien de Kilyann change du tout au tout. L’emploi du temps en atteste. « On a cours le matin, on déjeune, puis encore une heure de cours en tout début d’après-midi. Ensuite, c’est une heure et demie d’entraînement… ». C’est ainsi réglé comme du papier à musique du lundi au vendredi.
Mais l’ado n’est pas coupé du monde. « Les cours ont lieu dans un collège proche où l’on se rend en bus ». Reste néanmoins qu’il est devenu interne. Sans trop de difficultés a priori. « Après l’entraînement, on a encore une heure de devoirs pendant laquelle on est accompagnés… L’ambiance est bonne. Au sein du groupe, on est tous potes… Et au niveau scolaire, je me rends compte que mes résultats sont meilleurs qu’avant ».
Dans un monde où il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus, même quand on est brillant, il faut raison garder. « Le premier objectif, c’est de passer le brevet » explique Kilyann. Et côté sportif ? Le cursus logique est d’intégrer le centre de formation d’un club pro où le mode de vie sera là encore rythmé par la poursuite des études et un apprentissage plus pointu encore du ballon rond, que ce soit physiquement, techniquement ou tactiquement.
« En centre de formation, on ne rentre chez soi que pour les vacances… » explique-t-il. « Mais bon, on est déjà plus matures à ce moment-là ».
L’attaquant au pied droit déroutant a déjà le sens de la formule. Et de la sagesse. Cela fait partie des enseignements ô combien nécessaires qui sont prodigués à ces jeunes dont le rêve est d’accéder à l’élite. C’est tout ce que l’on souhaite à l’enfant du causse de Limogne !
Stéphanie Hamon - Secrétaire médico-social, Cahors
Alternance
Après avoir passé son enfance à Luzech, Stéphanie Hamon a pu construire sa vie dans le Lot. Elle a eu la chance de trouver au lycée Jeanne-d’Arc à Figeac la formation médico-sociale qui correspondait à ses attentes. A très vite suivi un contrat en alternance à l’hôpital de Cahors où elle a fait ses preuves et a fini par être embauchée comme secrétaire.
Choix
« Ma famille est lotoise. C’est vraiment un choix d’être restée dans le Lot. On est bien ici, je n’ai jamais vraiment ressenti le besoin d’aller voir ailleurs ! » sourit-elle. Stéphanie reconnaît que dans sa fi lière, pas mal de ses amies ont dû partir ailleurs pour poursuivre leur formation, notamment vers la région parisienne. Par la force des choses, elles ont « fait leur vie là-bas ». De son côté, Stéphanie a fondé une famille avec, comme il se doit, un… Lotois. Et aujourd’hui, par le biais de l’association des parents d’élèves et le conseil d’école, elle s’implique beaucoup dans la vie de l’école de son fils. Un vrai petit gars du Lot.
Charlène Lafabrie - Jeune sapeur-pompier volontaire, Autoire
Apprendre
« Une vocation, une envie, une passion », ce sont les mots de Charlène, 13 ans, quand elle parle de sa formation entamée depuis septembre 2016, au sein des jeunes sapeurs-pompiers volontaires. « Depuis toujours, j’avais envie de ça, je suis dans mon environnement ». La formation dure trois ans et demi « pour apprendre le métier de pompier, les manœuvres, les gestes de premier secours, les grades, le nom des véhicules. Il y a de la pratique, mais aussi de la théorie… J’adore apprendre. » Un investissement conséquent qui n’effraie pas la jeune fille : « C’est toujours avec plaisir. Il faut dépasser ses limites et faire plus que l’on se croit capable de faire, ça me plaît ».
Charlène peut aussi compter sur ses parents : « ils sont toujours là pour moi, ils m’accompagnent aux évènements auxquels je participe pour les JSP (le téléthon, la Sainte-Barbe, le cross)… nous recevons aussi un soutien important des pompiers et de la caserne de Saint-Céré. »
Aider
Charlène est également membre de l’équipe départementale d’escalade, mais elle a ralenti cette activité pour se consacrer pleinement à sa formation. « Ma pratique de l’escalade me sert dans ma formation, surtout mentalement. » D’autant plus que cinq spécialités existent chez les jeunes sapeurs-pompiers du Lot, dont le GRIMP, groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux : une spécialité qui l’intéresse donc tout particulièrement.
L’avenir, Charlène l’aborde sereinement : « je ne sais pas encore ce que je vais faire, ce qui est sûr, c’est que ça sera toujours dans le but d’aider les autres. »
Dominique Delbarry - Association "L'outil en main", Douelle
14 ans
« J’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans, chez des paysans, dans l’hôtellerie, parallèlement à l’obtention de mon CAP de tôlier formeur et peintre. Après avoir un temps officié dans une entreprise de poids lourds en Corrèze, je suis devenu ouvrier machiniste pendant une dizaine d’années à la Générale Conserves de Mercuès. Le travail était pénible et après la fermeture de l’usine en 1985, je suis devenu à 31 ans aide viticulteur pour différents domaines cadurciens. J’aimais particulièrement tailler la vigne, avec beaucoup de satisfaction à la clé lorsque la récolte était bonne. J’ai fini ma carrière en tant qu’agent d’entretien dans une agence de gestion immobilière.
L'outil en main
À la retraite depuis un an, j’ai rejoint l’association “L’Outil en main” qui recherchait des artisans retraités capables de sensibiliser les jeunes aux métiers manuels. À la fin des ateliers de métallerie que j’anime, chaque enfant emporte chez lui l’objet qu’il a réalisé. Je collabore aussi à deux troupes médiévales qui se produisent en Dordogne et dans le Tarn-et-Garonne. J’aime réaliser devant des spectateurs des démonstrations de forge en costume d’époque… ».
Loïc Leygonie - Tondeur de moutons, Cuzance
Famille
Trois fois champion de France de tonte, il a participé au championnat du monde avec l’équipe de France du 8 au 11 février 2017 à Invercargill en Nouvelle-Zélande. « J’ai fait des études dans l’agroalimentaire, mais j’ai finalement décidé de me lancer dans la tonte avec l’équipe familiale. Mon père est également tondeur de moutons, ainsi que mon oncle, c’est donc grâce à eux que j’ai découvert cette activité. Ils exercent dans le Lot et les départements limitrophes depuis trente ans. C’est donc tout natu rellement que j’ai souhaité apprendre ce métier et faire perdurer l’entreprise familiale. Je suis désormais tondeur professionnel, j’exerce cette activité à plein temps, à la fois en France et en Nouvelle-Zélande. En France, la saison de tonte dure entre 6 et 8 mois (j’exerce essentiellement dans le Lot, la Corrèze et la Dordogne). Et je pars chaque hiver pendant trois mois en Nouvelle-Zélande.
Champion
Je considère la tonte en compétition comme un sport à part entière. Cela nécessite de la rigueur, de l’entraînement, une bonne condition physique, donc une hygiène de vie sportive. Les entraînements se font essentiellement sur les chantiers de tonte. Le meilleur moyen de progresser étant de pratiquer.
Il est possible en parallèle de s’entraîner individuellement (course, musculation). Pour réussir dans ce domaine, cela demande, comme dans beaucoup d’autres sports, de la patience, de la rigueur. Une volonté de progresser.
Les compétitions de tonte ne sont pas basées uniquement sur la vitesse. La qualité du travail effectué est primordiale. Il faut apprendre à maîtriser l’animal ainsi que la méthode de tonte pour parvenir à tondre des moutons rapidement et correctement ».
Roxane Neveu - Infirmière et pompier volontaire, Leyme
Soigner
« Je travaille en tant qu’infirmière en pédopsychiatrie à l’Institut Camille-Miret à Leyme, en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire, afin d’apporter des soins à des jeunes, âgés de 12 à 17 ans, ayant des troubles psychiques durant l’adolescence.
J’ai eu envie de devenir infirmière grâce aux interventions que je réalise en tant que pompier volontaire. À l’âge de 13 ans, je suis entrée aux Jeunes Sapeurs Pompiers de Gramat, puis j’ai obtenu mon diplôme trois ans plus tard, avec ma soeur Jade.
Equipe
Cette vocation nous a été transmise par notre père qui assure cette mission depuis 28 ans. Les diverses interventions m’ont appris à travailler en équipe et à gérer le stress, deux qualités qui me servent au quotidien dans mon métier. Mon souhait de rester vivre et travailler dans le Lot est motivé par la présence de ma famille et de mon conjoint, ainsi que les atouts incontestables de notre belle région ».
Guillaume Hébrard - Régisseur au théâtre de l'Usine, Saint Céré
Régie
« Mon rôle consiste à planifier l’organisation technique des spectacles (décor, lumière, son…) et le cas échéant à établir une corrélation avec les contingences des troupes ou compagnies qui viennent jouer. J’ai toujours souhaité faire cela. Après le bac et une formation à Lyon, j’ai eu plusieurs missions dans ce domaine, comme technicien lumière ou régie… Cela fait 16 ans maintenant que je suis en activité, et j’en ai 35.
En 2012, j’ai travaillé pour la compagnie de l’Opéra éclaté à l’occasion des festivals de Figeac puis de Saint-Céré et, en 2014, j’ai intégré le théâtre de l’Usine. C’est un peu un hasard, encore que ma mère est originaire du Périgord noir et que je connaissais donc la région. Je me suis rapproché un peu de mes racines. Ici, j’ai trouvé un lieu où je peux m’épanouir professionnellement : on crée des spectacles, on les fait « tourner », on accueille des résidences… C’est un panel assez complet en termes de spectacle vivant. J’ai conscience de participer, avec le théâtre, à l’enrichissement du territoire, à le faire « avancer ». Il y a de bons rapports avec la population, de vrais échanges. Il y a quelque chose qui s’apparente à un apport réciproque.
Paysages
Mais c’est également un épanouissement personnel. Je ne regrette pas ce choix. Vivre ici, c’est chaque jour être confronté à des paysages magnifiques ! Il m’arrive de m’arrêter, sur la route, pour en profiter, même en faisant le trajet domicile-travail ! Et puis ma fille est née ici. Je me suis senti aussi bien accueilli par mes collègues que par mes voisins, dans le village où j’habite, à Autoire. J’ai vécu dans de grosses agglomérations. C’est sûr qu’en qualité de vie, ici, il n'y a pas photo. »
Agathe Kühnel - Agent du PNR, Labastide-Murat
Nuit
« Originaire des Pays de Loire, après une formation en biologie et écologie, j’ai d’abord travaillé à Marseille (un poste lié à la gestion des sites naturels) avant d’intégrer l’équipe du Parc naturel régional des Causses du Quercy en 2001. Je m’intéresse spécifiquement à deux thématiques qui permettent un travail commun avec mes collègues en charge de l’éducation et du tourisme, notamment. Le tout, dans une approche qui décline la protection et la valorisation du patrimoine en termes de développement durable.
Il y a ainsi la question du « ciel noir », ou dit autrement, la lutte contre la pollution lumineuse. C’est un vrai enjeu, qui englobe aussi bien l’éducation des plus jeunes que la gestion énergétique (éclairage public), et qui donne lieu à des événements fédérateurs comme la Fête de la Nuit. Avec le Parc, le Lot a été précurseur sur cette thématique, c’est un dossier emblématique pour le territoire, il participe à son identité, à son dynamisme, et peut aussi être une vraie « valeur ajoutée » en termes de tourisme. Comme biologiste, je ne peux qu’attester que les écosystèmes sont évidemment sensibles à la préservation d’un ciel non pollué par les lumières artificielles…
UNESCO
Seconde question qui me mobilise, l’obtention d’un label Unesco pour une « réserve naturelle d’intérêt géo- logique » sur le sud du parc. Il s’agit de protéger d’une part, et de mettre en valeur d’autre part. C’est aussi une source de développement éco- nomique. En termes de tourisme, de visibilité des sites (je pense aux phosphatières) mais aussi de potentialités commerciales, les enjeux sont réels. D’une manière générale, dans un département que j’ai appris à connaître et à apprécier, je constate une évolution positive de la manière dont la population appréhende et parfois même s’approprie, dans le bon sens du terme, l’action du Parc. Le PNR fait partie du paysage, si je puis dire, et il est partie prenante de l’identité du Lot et surtout du causse. On peut le mesurer au nombre de petits autocollants à l’arrière des voitures… »
Vincent Quercy - Viticulteur, Glanes
Coopérative
« Dans la famille, nous sommes viticulteurs depuis quatre générations. J’ai repris le domaine viticole de mon père en 1999, mais c’est mon grand-père qui a adhéré le premier au syndicat des Coteaux de Glanes qui regroupe sept viticulteurs de la zone. La coopérative est née en 1975 sous l’impulsion de la chambre d’agriculture du Lot, qui a conseillé aux vignerons de créer une structure commune pour vinifier et élever leurs productions respectives. Nos parcelles se situent sur une langue de terre sur le causse entre le Ségala et la vallée de la Dordogne. Nos vignes sont plantées sur des terroirs argilo-calcaires très caillouteux. Nous produisons trois cuvées de vin rouge, une cuvée de rosé (40 % de notre production) et depuis 2009 une cuvée de blanc qui connaît un beau succès.
Transmission
Si notre groupement amène de la cohérence à la production (qui avoisine les 300 000 bouteilles par an) et à la commercialisation, il a aussi permis de créer du lien entre les personnes. Nous venons de fêter notre quarantième récolte en commun, mais le prochain enjeu sera celui de la transmission de nos domaines à la prochaine génération. En tant que président du syndicat des Coteaux de Glanes, je travaille à la recherche de futurs repreneurs pour deux domaines de notre syndicat. En ce qui me concerne, mon fils aîné de 11 ans est déjà très intéressé par le métier… ».
Julia Barton - Artiste d'origine anglaise, Montcuq
Sud-ouest
Elle a quitté le sud-ouest de l’Angleterre pour le sud-ouest… de la France. C’était il y a sept ans. « Nous connaissions la région pour être venus en vacances plusieurs fois. Montcuq, c’est très joli, avec tous les commerces et un bon climat. On a évité la Dordogne, car il y a trop d’Anglais, c’est complet ! ». Depuis son installation dans le Lot, Julia poursuit son activité d’artiste (peinture et sculpture) en s’inspirant des paysages du Quercy blanc.
Europe
Selon elle, le plus difficile pour s’acclimater à sa nouvelle vie en France aura été la langue, « surtout l’accent d’ici ». Alors, pour remédier à cela, Julia Barton s’implique au sein d’une association locale baptisée le Club européen. S’il est ouvert à toutes les nationalités (Belges, Hollandais…), cette association a une forte connotation franco-anglaise : « les Anglais bavardent en Français et les Français parlent en Anglais. Le but est de se rencontrer, de développer… l’entente cordiale ». Visites, de musées ou de châteaux, repas, randonnées, le club multiplie donc les activités chaque semaine pour faire tomber les barrières, notamment linguistiques.
Marion Salès - Maraîchère, Les Junies
Beaux arts
« Je suis installée depuis 2015 sur la commune des Junies. J’y loue environ 4 000 m2 d’une belle terre argilo limoneuse et cultive des légumes biologiques. Après ma licence aux beaux-arts de Nîmes, j’ai pris conscience de ma vocation pour l’agriculture biologique.
Maraîchage
J’ai donc passé un BTS production horticole en alternance chez un maraîcher bio dans le Gard. Après son obtention, une expérience dans une association de protection de l’environnement, un voyage dans les pays de l’Est (où j’ai pratiqué le “woofing”) et plus d’un an et demi de recherche, je me suis installée dans le Lot en 2013, avant de trouver un terrain disponible propice au maraîchage bio. Le bio est, selon moi, la manière de cultiver la plus évidente quand on prend en compte la protection de l’environnement, l’utilisation réduite d’énergies fossiles et la production de nourriture saine. J’ai une clientèle régulière sur mon stand, tous les mardis, je fournis aussi des paniers sur commande et j’approvisionne un restaurant ».
Annie Delbert - Gérante d'hôtel-restaurant, Calviac
Reconversion
« J’étais fonctionnaire, dans des services préfectoraux. Deux ans après notre mariage, mon époux a souhaité reprendre l’exploitation agricole de ses parents, qui avaient déjà en parallèle ouvert un hôtel-restaurant. C’était en 1978. J’ai dit « banco ». Je me suis formée sur le tas, bien conseillée par un beau-frère lui-même professeur de cuisine ! Ça m’a plu, d’emblée.
Au bout de dix ans, j’ai laissé la cuisine (embauchant un chef) pour m’occuper spécifiquement du service, de la compta, de l’hôtel… Les années ont passé. Mon mari exploite la ferme avec mon fils, et moi, je pilote l’établissement, « Le Ranfort ». Les deux affaires sont distinctes. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une ferme-auberge.
À la lisière du Cantal dont je suis originaire, on propose une carte mettant notamment en valeur les produits du terroir lotois et de la région auvergnate. Hors saison, une grande partie de notre clientèle est du reste constituée d’habitués qui viennent d’Aurillac et de ses environs.
Evolutions
En juillet-août, il s’agit davantage de vacanciers et de touristes venant du nord de la France. Et c’est à cette période que l’hôtel marche à plein régime.
Incontestablement, il y a eu des évolutions. L’été, on est passé de vacances d’une semaine à dix jours à des courts séjours… Moins pour des raisons économiques, je pense, que par la volonté des gens de davantage bouger pendant leurs congés d’un point à un autre… Internet a changé la donne. 80 % des réservations passent par un site spécialisé. Je suis contente : les appréciations sont positives !
J’aime cette région, j’aime ce métier, et on vient encore de rénover et mettre aux normes l’établissement, notamment les chambres. Mais voilà : j’ai 60 ans. A priori, concernant l’hôtel-restaurant en tout cas, aucun de nos enfants n’est intéressé. Il n’est pas encore question de vendre, mais je ne cache pas que la question de la transmission, et donc de l’avenir, commence évidemment à me préoccuper. »
Nicolas Akielewiez - Tailleur de pierre et scuplteur, Cardaillac
Pierre
« Natif de la Drôme, j’ai beaucoup déménagé durant mon enfance avec mes parents. Lors de mes études aux Beaux-Arts de Toulouse, j’ai, par le biais de la gravure, rencontré des gens qui travaillaient la pierre. J’ai poursuivi ma formation par un stage de taille de pierre à Bordeaux, avant de finalement obtenir un CAP dans cette spécialité. J’ai ensuite travaillé durant une dizaine d’années comme salarié pour le compte d’entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine, à Figeac (de 1991 à 1997), Rodez (de 1997 à 2002) et en Allemagne, avec à la clé la réalisation de deux statues monumentales de 2 m pour les porches d’entrée de la cathédrale de Cologne. Je me suis finalement mis à mon compte et j’ai construit mon atelier à Reyrevignes sur le causse, sur un terrain attenant à une maison achetée en 1995. J’ai continué à travailler durant cinq ans pour Cologne sur la réalisation de deux baldaquins en pierre.
Métal
En suivant, j’ai souhaité m’investir dans un travail plus créatif en travaillant le métal. Avec un ami peintre, nous avons même été retenus sur appel d’offres de la ville de Marseille, alors capitale de Culture, pour la réalisation d’une sculpture monumentale de 3 m de haut. Père d’une petite Elia, j’ai ensuite déménagé à Cardaillac. Aujourd’hui, j’allie l’utile à l’agréable en vivant dans le Lot. J’y ai construit ma vie. Je finis de m’installer et de peaufiner mon nouvel atelier… ».
Virginie Devaux - Architecte, Le Bouyssou
Mutation
« En fin d’année d’arts appliqués, j’ai fait mon stage chez un architecte qui m’a communiqué sa passion. J’ai obtenu le diplôme d’architecte DPLG en 2000 et me suis tout de suite mise à mon compte, en Isère.
En 2008, j’ai suivi mon mari Frédéric, gendarme de métier, qui venait d’être muté dans le Lot. J’ai dû recréer une nouvelle structure au cœur du village d’Assier, une clientèle et un réseau d’artisans. Parallèlement, nous avons fait l’acquisition d’une grange au Bouyssou, que nous avons restaurée. Dans le cadre de mon activité principalement axée sur la restauration, je m’efforce d’utiliser les matériaux les plus responsables possible, appropriés aux projets de ma clientèle. J’aime redonner une vie au patrimoine existant sans pour autant le dénaturer. Mon travail consiste à adapter l’habitat au mode de vie des propriétaires, bien souvent des néo-Lotois ravis de changer de vie… Si notre installation dans le département n’était pas un choix au départ, aujourd’hui, nous ne regrettons rien. Nous avons été accueillis à bras ouverts et nous nous sommes sentis chez nous sentis chez nous dès notre arrivée. On m’a d’ailleurs, tout de suite, demandé d’être conseillère municipale »
Carole Molina et Audrey Sirmain - Opticiennes, Figeac
Responsabilités
« Mon père était déjà opticien. L’idée d’en faire mon métier, quand j’étais lycéenne, ne me déplaisait pas a priori. C’était même une sorte de vocation. Et puis… Et puis j’ai opté pour un autre domaine. Pas un coup de tête, mais une sorte de défi. Quand on est jeune… J’ai obtenu un BTS de gestion hôtelière à Toulouse et pendant six ans, j’ai travaillé dans ce secteur, à Figeac, au sein de différents établissements.
J’avais 30 ans quand mon père a annoncé qu’il allait vendre l’affaire. J’ai réfléchi. J’avais l’impression d’être un peu bloquée dans mon métier : je cherchais à occuper un poste à responsabilité, et en l’absence de grandes chaînes hôtelières dans la région, c’était difficile. Et je ne voulais pas partir, d’ailleurs, mon mari travaillait ici…
Alors j’ai accepté le challenge. Envisager de succéder à mon père. Mais il y avait un préalable : j’ai dû reprendre des études, un BTS et une licence des métiers de l’optique et de la vision. Une formation qui n’a pas été une sinécure : je suivais les cours en semaine à Toulouse et travaillais le week-end au magasin. Les diplômes en poche, au bout de trois ans donc, associée à Audrey Sirmain, la succession a été effective en 2007.
Recrutement
Je n’ai aucun regret. Nous avons en revanche rencontré des difficultés en matière de recrutement. Pour des salariés diplômés, Figeac c’était le bout du monde. Alors on a choisi de former des apprentis. Et ça marche.
Reste ce paradoxe, donc : Figeac peut être perçue de l’extérieur comme une ville enclavée, mais y vivre et y travailler est un plaisir quotidien. Je peux entretenir ici des vraies relations avec les clients, parfois des liens de sympathie, qu’il serait inenvisageable de transposer dans une métropole.
C’est aussi une ville économiquement dynamique grâce à l’aéronautique. On le ressent évidemment. Même les représentants qui font la comparaison avec d’autres villes le disent : outre le cadre de vie et l’environnement (j’en sais quelque chose !), notre territoire est en plein boum. »
Serge Laugénie - Gérant de l’entreprise Simeca à Vayrac
Polyvalent
« Originaire du Périgord, j’ai un parcours plutôt atypique. J’ai poursuivi des études dédiées au commerce, au management et à la qualité. Je suis polyvalent plutôt qu’expert dans un seul domaine. J’ai travaillé en tant que responsable qualité et développement pour le compte d’un important groupe industriel français, avant de créer ma propre structure à Montluçon en 2000. Cinq ans plus tard, j’ai monté un nouveau site en Tunisie et en 2010, j’ai racheté la société Simeca à Vayrac, créée en 1978 et spécialisée dans la fabrication de pièces en élastomère.
Elastomère
100 tonnes sont produites dans nos usines chaque année pour le compte du secteur médical, du bâtiment, de l’aéronautique, de l’agriculture, du militaire, du sport et des loisirs. À ce titre, le site lotois, fort de 25 salariés, est habilité à travailler pour l’État français. J’aime la diversité, elle me confère un certain équilibre économique, car elle m’expose moins aux clients défaillants. En 2017 et 2018, je compte investir dans de nouvelles machines et proposer à nos clients des projets de codéveloppement ».